Né à Paris en 1969, Thierry Beauchamp est un parfait inconnu pour la plupart de ses contemporains. Il a fait ses humanités dans le surréalisme et ne l’a jamais regretté. Collaborateur de France Culture, il s’y efforce de faire partager son goût pour la poésie vagabonde et les histoires ineptes. Traducteur d’anglais au long cours (Ambrose Bierce, Stephen Leacock, S. J. Perelman, Jim Tully, Charles Bukowski, John Lennon, Mohamed Ali…), il dialogue la nuit plus que de raison avec des auteurs anciens souvent méconnus.
Amateur de sports oubliés, il est aussi le théoricien incompris de la course de désorientation, qui consiste à partir d’un point A pour atteindre un point C sans jamais passer par le point B que l’on s’était fixé comme destination. Il revendique également le droit pour les animaux de participer aux Jeux olympiques.
Chroniqueur humoristique, Robert Benchley (1889-1945) publia ses textes dans les plus prestigieux magazines de son époque, de Vanity Fair au New Yorker. Dès 1928, il fut aussi l’un des premiers comiques du cinéma parlant (avec Le Rapport du trésorier) et reçut un Oscar pour son film intitulé : Comment dormir ? Membre fondateur du « cercle vicieux » de l’hôtel Algonquin avec sa grande amie Dorothy Parker, il fit les quatre cents coups en compagnie de joyeux drilles tels Ernest Hemingway et Errol Flynn.
Maître de l’humour décalé et absurde, admiré par ses pairs, de Stephen Leacock à Woody Allen, Benchley demeure l’un des écrivains américains les plus drôles du xxe siècle.
Du même auteur, Frédéric Brument a déjà composé et traduit les recueils L’Expédition polaire à bicyclette, Psychologie du pingouin, Démence précoce et Pourquoi personne ne me collectionne ? (Le Dilettante & Rivages, réédités en 2010).
Robert Charles Benchley, né sur l’Île de Wight le 15 septembre 1807. Embarque à bord du Florence J. Marble comme garçon de cabine en 1815. Arrêté pour bigamie et meurtre à Port-Saïd en 1817. Libéré en 1920. Écrit Un conte de deux villes. Marié à Anastasia, princesse du Portugal, en 1831. Enfants : prince Rupprecht et plusieurs petites filles. Écrit La Case de l’Oncle Tom en 1850. Éditeur de l’almanach féminin Godey’s Ladies Book, 1851-1856. Commence Les Misérables en 1870, achevés par Victor Hugo. Mort en 1871. Enterré à l’abbaye de Westminster.
Chroniqueur rock à Charlie hebdo et Rock & Folk au milieu des années 1970, Jackie Berroyer a aussi collaboré à Hara-Kiri, Libération, Actuel, Zéro et aujourd’hui Siné mensuel. Après Rock’n’roll et chocolat blanc (1979), il a publié une dizaine d’autres livres, parmi lesquels Je vieillis bien (1983), Je suis décevant (1987), La femme de Berroyer est plus belle que toi, connasse ! (1992) ou encore J’ai beaucoup souffert de ne pas avoir eu de mobylette (2004). Il a également signé plusieurs scénarios de BD (la série Goudard avec Gibrat, Raoul Teigneux contre les Druzes avec Vuillemin) et de films (Lune froide, Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel...).
Outre un passage mémorable à l’émission « Nulle part ailleurs » sur Canal +, il poursuit une prolifique carrière d’acteur au cinéma (on le retrouve à l’affiche d’Henri, le nouveau film de Yolande Moreau). L’oreille toujours aux aguets, Berroyer anime aujourd’hui l’émission « Mélomanie » sur Le Mouv’.
Ingénieur de profession et alpiniste amateur, William Ernest Bowman (1911-1985) est un de ces génies loufoques dont l’Angleterre a le secret.
Tout en entretenant une correspondance avec Albert Einstein, il écrivit deux livres hilarants, parodiant les exploits des grandes expéditions, l’une en montagne (À l’assaut du Khili-Khili, 1956 ; rééd. Rivages, « Série humoristique », 2009, 2010) et l’autre en mer : L’Expédition du Poisson Parlant (1957), traduit ici pour la première fois en français.
Dessinatrice et scénariste de BD depuis la fin des années 1970, cofondatrice avec Étienne Robial de la mythique maison d’édition Futuropolis, Florence Cestac a notamment signé Le Démon de midi, La Vie d’artiste, Filles des oiseaux ou encore Un amour exemplaire (avec Daniel Pennac), des succès en pagaille parfois adaptés au théâtre et au cinéma. En 2000, elle est devenue la première femme lauréate du Grand Prix d’Angoulême.
Jeune engagé lors de la guerre d’Indochine, Georget (dit Georges) Bernier (1929-2005), de retour à Paris, crée en 1960 avec Cavanna et Fred la désormais légendaire revue Hara-Kiri (1960-1985), puis le groupe des éditions du Square qui verra naître Charlie hebdo (1970).
Issu des pages d’Hara-Kiri en 1962, son personnage de Professeur Choron, bricolo et pince-sans-rire à l’humour noir absurde, fait scandale à la télévision dès l’année suivante (dans « Les Raisins verts » de Jean-Christophe Averty) en incitant les spectateurs à briser leur poste ou à passer des bébés à la moulinette.
Créateur des Jeux de con du Professeur Choron et des inénarrables Fiches bricolage, ce chansonnier à ses heures se produit aussi à Olympia en 1981. Épaulé par toute l’équipe d’Hara-Kiri, il incarna mieux que quiconque, quarante ans durant, cet esprit « bête et méchant » qui révolutionna l’humour français, de Coluche à Groland.
Issu d’une famille franco-italienne de Nogent-sur-Marne, François Cavanna (1923-2014) débute comme dessinateur humoristique à l’orée des années 1950, après avoir connu la désolation de la Seconde Guerre mondiale. Avec le futur Professeur Choron, il lance en 1960 le sulfureux mensuel d’humour « bête et méchant » Hara-Kiri, s’entourant d’une équipe de talentueux artistes (Fred, Reiser, Cabu, Gébé, Topor, Wolinski…). Sa version hebdomadaire, L’Hebdo Hara-Kiri, interdite en 1970, donnera naissance à Charlie hebdo.
Devenu le principal chroniqueur de ces journaux, il se révèle au grand public comme un écrivain majeur avec ses récits autobiographiques Les Ritals (1978) et Les Russkoffs (1979, prix Interallié), cycle conclu avec le posthume Crève, Ducon (2020). Il signera au total plus de soixante livres, aussi percutant dans le texte d’humour (L’Aurore de l’humanité), le roman historique (Les Fosses carolines) et l’essai (Lettre ouverte aux culs-bénits).
Son humanisme et son rationalisme, sa verve et son humour, sa lucidité et ses « coups de sang » (en faveur du pacifisme, de la laïcité, de l’écologie et de la défense des animaux…), enfin sa lutte incessante contre la bêtise auront marqué plusieurs générations de lecteurs.
Né en 1960 à Bordeaux, Jean-Luc Coudray écrit des nouvelles, récits, essais, textes humoristiques, poésies, strips, etc. Il a collaboré entre autres à Sud-Ouest, Fluide glacial, Psikopat et La Décroissance. En tant que scénariste ou écrivain, il a travaillé avec les dessinateurs Moebius, Lewis Trondheim, son frère Philippe Coudray ou encore Isabelle Merlet (L’Amusant Musée ou Le Jeu de l’art, chez Wombat).
Outre ses propres dessins réunis sous le titre Je suis heureux par vengeance ! (La Boîte à bulles), Jean-Luc Coudray a publié plus de cinquante livres, parmi lesquels les textes Le Guide philosophique de l’argent (Le Seuil), Monsieur Mouche (i Éditions) ou encore Lettres d’engueulade (L’Arbre vengeur).
Critique littéraire, Will Cuppy (1884-1949) écrivit durant l’entre-deux-guerres des chroniques humoristiques (au Herald Tribune et au New Yorker) sur ses sujets favoris : la zoologie et l’histoire. Il est ainsi l’auteur d’une trilogie drolatique sur les animaux (Comment distinguer vos amis des grands singes, Comment cesser d’exister et Comment attirer le wombat) et de l’anti-manuel d’histoire Grandeur et décadence d’un peu tout le monde.
Misanthrope au point de vivre en ermite sur une île plus d’une décennie, Will Cuppy mit fin à ses jours en 1949. Écrivain comique sans égal, qui comptait parmi ses admirateurs P. G. Wodehouse et James Thurber, il est l’incarnation même de l’adage selon lequel « l’humour est la politesse du désespoir ».
Né en 1975 à Londres, Gideon Defoe suit des études d’anthropologie et de zoologie avant de se lancer dans l’écriture avec la série de romans humoristiques Les Pirates ! (5 formidables aventures parues, au Dilettante & chez Wombat) qui connaîtra un succès international et sera adaptée en film d’animation par Peter Lord & les studios Aardman (Chicken Run), sous le titre : Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout.
Ce digne héritier de Will Cuppy, René Goscinny et des Monty Python ramène parallèlement sa science en signant Le Sexe tout bête, essai aussi instructif que comique sur la sexualité des animaux.
Delfeil de Ton entre à Hara-Kiri en 1967. Il restera fidèle au journal jusqu’à sa disparition en 1986. Cofondateur de Charlie hebdo en 1970, il le quittera cinq ans plus tard pour Le Nouvel Observateur, où il signe toujours ses Lundis de DDT, dont un premier recueil est paru à L’Apocalypse en 2012.
Musicien itinérant, pionnier du stand-up dès les années 1930, pilote de course, auteur et acteur comique, l’étonnant Jack Douglas (1908-1989) collabora en son temps avec Bob Hope, Jack Paar, Jerry Lewis & Dean Martin, ainsi que le jeune Woody Allen. Grâce à ses apparitions télévisées, son deuxième livre, Ne vous fiez jamais à un chauffeur de bus nu (publié par Wombat en 2012), d’un humour très novateur, devint un best-seller aux États-Unis en 1960. Peu après, quittant sa vie de patachon hollywoodien, il s’installa loin de tout avec son épouse Reiko pour élever ses enfants, ses animaux et écrire une dizaine de titres de veine comico-autobiographique, dont le présent Manuel érotico-culinaire judéo-japonais et Comment élever des loups est un fleuron.
Texan d’origine, mais sans doute non armé, sinon de mauvais esprit, Jack Handey vit à Santa Fe (Nouveau-Mexique) avec sa femme, son chien et ses chats. Jusque-là tout va bien. Mais il est aussi écrivain d’humour pour de nombreuses revues (The New Yorker, Outside, Playboy, Punch…) et fut auteur de sketches pour la populaire émission TV « The Saturday Night Live » sur la NBC, qui lui valurent plusieurs prix.
La présente anthologie inédite réunit ses meilleurs textes courts écrits sur une trentaine d’années. Jack Handey a par ailleurs publié un unique roman « tropical », Mésaventures à Honolulu, traduit en français en 2015 et salué par la presse.
EDOGAWA Ranpo, nom de plume de Tarô Hirai (1894-1965) choisi en hommage à Edgar Allan Poe, est le maître de la littérature policière et fantastique japonaise des années 1920 à 1960. Inventeur en 1925 du personnage de détective Kogorô Akechi, il popularise la littérature policière au Japon et créera en 1955 le premier prix décerné à ce genre, qui porte toujours son nom. Tout en assumant ses influences occidentales (Edgar Poe, H. G. Wells, Conan Doyle, Gaston Leroux...), Ranpo insuffle à ses récits un ton unique, mêlant érotisme, perversion, grotesque et macabre, dans des novellas noires comme La Chenille, La Bête aveugle ou Le Lézard noir (adapté au théâtre par Yukio Mishima) devenus des classiques de la littérature japonaise.
Père du mouvement « ero guro nansensu », son influence marquera aussi durablement le cinéma (de La Bête aveugle de Yasuzô Masumura à Inju de Barbet Schroeder) comme le manga (Suehiro Maruo).
Cinéaste, dramaturge, scénariste et acteur, PIERRE ÉTAIX a réalisé cinq longs-métrages entre 1963 et 1971 (Le Soupirant, Yoyo, Le Grand Amour...), devenus des classiques du cinéma comique. Son style funambule réalise une synthèse très personnelle entre les maîtres du cinéma burlesque américain et l’univers du cirque (Pierre Étaix a par ailleurs cofondé l’École nationale du cirque avec Annie Fratellini). Comme dessinateur et auteur, il a publié entre autres Dactylographismes, Je hais les pigeons, Il faut appeler un clown un clown et Textes et textes Étaix.
Historien de formation, JEAN-CLAUDE CARRIÈRE est écrivain, dramaturge et scénariste. Outre ses multiples collaborations avec Pierre Étaix, Louis Malle, Luis Buñuel ou encore Milos Forman (couronnées en novembre 2014 par un Oscar d’honneur), il est l’auteur de nombreux ouvrages à succès, parmi lesquels on citera La Controverse de Valladolid, Le Cercle des menteurs, La Force du bouddhisme (avec le Dalaï-Lama) ou le Dictionnaire amoureux de l’Inde. Ami des plus grands dessinateurs (Bosc, Chaval, Topor,,,), dessinateur lui-même (Dessins d’occasions), c’est aussi un érudit de l’humour à qui l’on doit une Anthologie de l’humour 1900 et Le Dictionnaire de la bêtise (avec Guy Betchel).
William Claude Dukenfield, dit W. C. FIELDS (1880-1946), débuta comme jongleur au music-hall avant de révéler ses talents de clown, notamment dans la fameuse troupe des Ziegfeld Follies. Scénariste et dialoguiste de la plupart de ses films, il explose dès 1930 dans le cinéma comique parlant, dont il sera, avec les Marx Brothers, l’une des grandes stars. Citons Une riche affaire, Mines de rien et Passez muscade.
Saltimbanque excentrique, misanthrope acariâtre, buveur immodéré de « spiritueux médicinaux », on lui attribue plusieurs formules restées célèbres, parmi lesquelles : « Quelqu’un qui déteste les enfants et les chiens ne peut pas être tout à fait mauvais. »
Site officiel de W.C. Fields : www.wcfields.com
Pilier de Hara-Kiri dès le début des années 1960 (il en sera le rédacteur en chef de 1969 à 1985), puis des hebdos Hara-Kiri et Charlie, cofondateur de Zéro et du nouveau Charlie hebdo, Gébé (1928-2004) fut pour beaucoup le penseur et le poète de la « bande à Charlie ».
Écrivain, parolier, scénariste, concepteur de romans-photos et surtout auteur de remarquables bandes dessinées innovantes (Berck, Une plume pour Clovis, L’An 01, Lettre aux survivants, L’åge du fer...), Gébé demeure un créateur et un agitateur d’idées sans pareil.
Wolcott Gibbs (1902-1958) travailla comme éditorialiste, critique de théâtre et parodiste pour le New Yorker de 1928 jusqu’à sa mort. Collègue de bureau de James Thurber et Robert Benchley, il fut aussi le grand rewriter du magazine, le seul à qui l’on pouvait demander de corriger, retoucher et parfois même terminer les papiers de ses illustres collègues (Scott Fitzgerald y compris). En plus de son unique roman satirique, Tous au pôle ! (1931), il a publié une pièce de théâtre, Season in the Sun (grand succès à Broadway), et trois recueils d’articles humoristiques, jamais traduits en français.
De cet incurable misanthrope et grand alcoolique, Harold Ross, le grand patron du New Yorker, avait coutume de dire : « Il n’aime peut-être rien, mais il sait tout faire. » Quant à l’éminent humoriste anglais P. G. Wodehouse, qui n’appréciait guère le ton ni l’esprit du magazine américain, lui-même dut concéder : « Tout ce qui est publié dans le New Yorker est ennuyeux au possible, à l’exception de Wolcott Gibbs. »
Mykle Hansen vit à Portland, dans l’Oregon. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles (Monster Cocks, The Bored, Bored Princess, Rampaging Fuckers of Everything on the Crazy Shitting Planet of the Vomit Atmosphere...), publiés sous l’égide du bien nommé mouvement « Bizarro », il signe ici un premier roman résolument anti-Nature Writing.
Lors de sa tournée promotionnelle aux États-Unis, Mykle concluait ses lectures en combattant un ours à mains nues. Il perdait souvent.
Illustrateur et dessinateur de presse, Philippe Honoré (1941-2015) a travaillé pour de nombreux journaux, parmi lesquels Le Monde, Libération, Lire, Le Magazine littéraire, sans oublier Hara-Kiri, avant de devenir un pilier du nouveau Charlie hebdo à partir de 1992. Son graphisme inspiré de la gravure, profondément spirituel et drolatique, l’a imposé immédiatement comme un classique (dernier recueil paru : Je hais les petites phrases, Les Échappés, 2011). Il fut une des victimes de l’attentat du 7 janvier.
Créateur de ludiques et érudits Rébus littéraires (en cours de réédition chez Arléa), Honoré avait aussi mis son talent d’illustrateur au service de grands textes d’humour, comme le Bestiaire d’Alexandre Vialatte (Arléa, 2003) et Comment attirer le wombat de Will Cuppy (Wombat, 2012 ; réédition 2015).
Écrivain et critique littéraire, Pierre Jourde a longtemps été professeur de littérature française à l’université. Il a publié une quarantaine de livres, dans tous les genres (poésie, essais, romans, satire littéraire, théorie de la littérature…), ainsi que des ouvrages avec divers artistes, et dirigé l’édition de Huysmans en Pléiade. Il tient une chronique sur le site culturel de L’Obs, Bibliobs. Parmi ses publications : Empailler le toréador (Corti, 1999), La Littérature sans estomac (L’Esprit des péninsules, 2002, prix de la critique de l’Académie française), Pays perdu (L’Esprit des péninsules, 2003), Festins secrets (L’Esprit des péninsules, 2005, prix Larbaud, prix Renaudot des lycéens, prix Thyde Monnier de la SGDL), Le Jourde & Naulleau (Mango, 2008), Le Maréchal absolu (Gallimard, 2012, prix Virilo), La Première Pierre (Gallimard, 2013, prix Jean Giono), La Culture bouge encore (Hugo, 2016), Le Voyage du canapé-lit (Gallimard, 2010).
Site : www.pierrejourde.fr
Kamagurka est une star en pays flamand pour ses dessins et bandes dessinées, notamment pour la série Cowboy Henk (avec Herr Seele) qu’il publie depuis plus de trente ans dans le populaire magazine Humo. Mais il est aussi peintre, auteur de sketches et de pièces de théâtre dans la lignée du théâtre de l’absurde (Mario, va ouvrir, on a sonné, Lansman, 1996).
En France, il est découvert en 1977 par Gébé, alors rédacteur en chef d’Hara-Kiri, et apparaîtra également dans le Psikopat et L’Écho des savanes, mais aussi Raw et le New Yorker aux États-Unis. Il est présent chaque semaine dans le nouveau Charlie hebdo depuis 1992.
Kamagurka est sans conteste un des meilleurs représentants de l’école graphique absurde depuis trente ans, aux côtés de Francis Masse, Glen Baxter, Gary Larson et Pierre La Police.
Comédien connu au Japon sous le nom de « Beat Takeshi », Takeshi Kitano réalise son premier film, Violent Cop, en 1989. Le public occidental le découvre grâce à Hana-Bi (Lion d’or à la Mostra de Venise en 1997). Auteur d’une quinzaine de films, renouvelant les genres du film noir, de yakuza ou de sabre, il en signe d’autres dans une veine plus personnelle, burlesque et poétique, tels A Scene At the Sea, Kids Return ou plus récemment Achille et la Tortue.
Artiste aux multiples facettes, Kitano est également peintre (exposition « Gosse de peintre » à la Fondation Cartier en 2010) et écrivain, auteur notamment d’Asakusa Kid et de La Vie en gris et rose.
Harvey Kurtzman (1924-1993) fut un des créateurs les plus influents de la bande dessinée américaine du XXe siècle et, par son impact général sur la culture populaire aux États-Unis, « une des figures les plus importantes de l’Amérique de l’après-guerre » (New York Times).
Fondateur et rédacteur en chef des débuts du légendaire magazine MAD (1952-56), puis des revues Trump, Humbug et Help ! jusqu’à la fin des années 1960, il fut un scénariste prolifique (non seulement dans la satire, mais aussi d’histoires d’horreur et de guerre), au sein des EC Comics, pour une équipe de grand talent (Will Elder, Wallace Wood…), ainsi qu’un trop rare dessinateur virtuose, comme le prouve C’est la jungle !, son chef-d’œuvre personnel. Il poursuivra ensuite sa carrière dans le Playboy d’Hugh Hefner en scénarisant durant plus d’un quart de siècle la série coquine Little Annie Fanny.
Parmi les auteurs de bande dessinée du monde entier que Kurtzman a influencés, outre l’équipe de MAD, il éditera nombre de pionniers de l’underground américain (Robert Crumb, Gilbert Shelton…) et marquera aussi de son empreinte la BD française, de René Goscinny (qu’il connut à New York dès les années 1940) à Georges Wolinski, sans oublier les fondateurs d’Hara-Kiri et de Fluide glacial.
Surnommé le « Mark Twain canadien », l’universitaire et écrivain Stephen Leacock (1869-1944) fut l’oncle bienveillant de la littérature comique moderne du XXe siècle, dont l’influence s’étendra de la première génération du New Yorker jusqu’à Woody Allen et aux Monty Python, dont le sketch « Four Yorkshiremen » est une adaptation littérale de sa nouvelle « Self Made Men » (1910).
Célébré au Canada pour son roman choral Bienvenue à Mariposa (Wombat, 2014), Leacock est devenu un classique lu dans tout le monde anglo-saxon, notamment grâce à ses deux recueils de Nonsense Novels (en français L’Île de la tentation et Le Plombier kidnappé) considérés comme des chefs-d’œuvre de la parodie.
Comme disait un de ses lecteurs : « Stephen Leacock est un des types les plus drôles que je connaisse… Une fois qu’on a commencé à le lire, on ne peut plus s’arrêter. » (Groucho Marx)
Écrivain, scénariste et traducteur, Jean-Patrick-Manchette (1942-1995) fut la figure de proue du « néo-polar » qui révolutionna le genre en France dans les années 1970. Il laisse une œuvre toujours séminale et influente, de Nada à La Position du tireur couché, en passant par Fatale, popularisée par de multiples adaptations au cinéma (par Claude Chabrol et Alain Delon, entre autres) et en bande dessinée (par Jacques Tardi et Max Cabanes).
Intellectuel empreint de marxisme et de situationnisme (voir son Journal et ses Lettres du mauvais temps), mais également passionné de culture « populaire », il fut aussi, au sein des revues Charlie mensuel, Métal hurlant et Charlie hebdo de l’époque, capharnaüm libertaire où savaient rire les libres penseurs, un exceptionnel et redoutable chroniqueur de polar (Chroniques), de jeux (Play It Again, Dupont) et de cinéma (Les Yeux de la momie).
Née en 1967 à Mulhouse, Isabelle Merlet fait des études d’Arts appliqués. Elle enseigne un temps les Arts plastiques avant de découvrir, en 1991, la couleur de bande dessinée. Elle collabore aujourd’hui avec des auteurs tels Ruppert & Mulot, Blutch, Catherine Meurisse, Taiyô Matsumoto, Hugues Micol, Jean-Marc Rochette, etc., pour de nombreuses maisons d’édition de BD.
En 2014, travaillant sur le dernier film d’Alain Resnais Aimer, boire et chanter, elle rencontre le maître de quatre-vingt-onze ans – rencontre qui réveille une créativité un peu endormie. En 2015, elle commence le projet de L’Amusant Musée avec Jean-Luc Coudray et profite d’une résidence à la Maison de la littérature de Québec pour élaborer son bestiaire.
Ses portraits et dessins sont parus dans Le Vif, Télérama, Sud-Ouest et Pandora. Après avoir réalisé plus de quatre-vingts albums de BD en tant que coloriste, elle publie ici son deuxième livre en tant que dessinatrice.
Né en Inde, irlandais d’origine, Spike Milligan (1918-2002) est considéré comme le plus grand auteur comique anglais de la seconde moitié du xxe siècle, aussi populaire en Grande-Bretagne qu’un Coluche ou un Desproges en France.
Jeune soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, puis musicien dans un orchestre de jazz, il devient dans les années 1950 le scénariste et l’une des vedettes, avec Peter Sellers et Harry Secombe, du « Goon Show », émission radio déjantée de la BBC, admirée aussi bien par Marcel Gotlib que par les Monty Python (« Spike Milligan est notre Dieu à tous », dixit John Cleese).
Comédien et écrivain prolifique, auteur de nombreux pastiches (de la Bible à Robin des Bois) et de plusieurs romans (dont Le Règne hystérique de Siffoney Ier, roi d’Irlande, Wombat, 2015), il inaugurait avec Mon rôle dans la chute d’Adolf Hitler ses « Mémoires de guerre », son œuvre la plus lue outre-Manche.
Marqué à jamais par la guerre, Spike Milligan souffrira toute sa vie de dépression, laissant à sa disparition en 2002 cette fameuse épitaphe : « Je vous avais bien dit que j’étais malade ! »
Gotlib : Quels sont vos « maîtres » en humour ?
Terry Jones : Puisqu’on est en France, je dirais Jacques Tati. Et un comique anglais, Spike Milligan.
Gotlib : Je l’ai rencontré une fois, on a dîné ensemble.
Terry Jones : Le « Goon Show » a été immensément important pour nous.
Gotlib : Il y a cinq ans, quand on a commencé Fluide glacial, je voulais adapter les sketchs du « Goon Show » en bande dessinée. J’ai eu un rendez-vous avec Spike Milligan à Londres, il était d’accord. Mais quand je m’y suis mis, je me suis rendu compte que je n’y arriverais pas. C’était trop difficile, trop anglais.
Eric Idle : Les gags qu’ils avaient sur le « Goon Show », c’était le plus souvent des gags « à combustion lente ». Il ne se passait rien. Je n’ai pas souvenir d’avoir ri aussi fort devant une autre émission. Je les trouvais hystériques. Surtout, ils allaient loin. Cette idée de prendre des risques avec les gags, c’était quelque chose qu’on admirait tous.
© Propos recueillis par Jacques Diament. (Source : Schnock nº12)
Né en 1959 à Gifu, Hideo Okuda est l’auteur d’une œuvre riche et variée, souvent primée au Japon (prix Naoki en 2004 pour Un yakuza chez le psy), dont Wombat s’attache à faire découvrir les multiples facettes. Okuda a notamment signé la trilogie du docteur Irabu (3 millions d’exemplaires vendus au Japon), dont les deux premiers tomes sont déjà parus en français : Les Remèdes du docteur Irabu (Wombat, 2013 ; rééd. « Points ») et Un yakuza chez le psy & autres patients du Dr Irabu (Wombat, 2014 ; rééd. « Points »), ainsi que Lala pipo (Wombat, 2016), roman indépendant de cette série.
Issu d’une famille juive d’origine russe de Brooklyn, Sydney Joseph Perelman (1904-1979) fut l’un des maîtres américains de l’absurde et du nonsense. Auteur de centaines de textes brefs et de plusieurs récits, il demeura l’un des piliers du New Yorker des années 1930 aux années 1970. Scénariste récompensé par un Oscar en 1956, il a notamment signé deux classiques des Marx Brothers : Monnaie de singe (1931) et Plumes de cheval (1932).
« J’ai commencé à le lire durant mon adolescence et il ne m’a jamais déçu. Chez tous les auteurs de comédie avec qui j’ai travaillé ou discuté au cours des ans, Perelman a toujours été une icône, le modèle le plus admiré, le génie comique le plus largement imité et le plus décourageant pour tout aspirant humoriste. Pour nombre d’entre nous, qui avons débuté il y a bien des années, il était impossible de ne pas tenter d’écrire comme lui, tant sa voix élégante nous dominait. » (Woody Allen, 2000)
« En cette époque où pullulent les humoristes, Perelman plane au-dessus de la mêlée. Monsieur Perelman... et c’est tout. Robert Benchley, celui qui lui ressemblait sans doute le plus, et Ring Lardner, qui ne ressemblait à personne, nous ont quittés, aussi demeure-t-il le seul. » (Dorothy Parker, 1959)
« Perelman manie la langue américaine à la manière d’un joueur de piccolo qui interpréterait l’hymne national. » (Kurt Vonnegut)
« L’écrivain le plus drôle des États-Unis depuis... lui-même. » (Gore Vidal)
Emmanuel Prelle est enseignant et vit à Paris. En collaboration avec Emmanuel Vincenot, il a déjà commis plusieurs ouvrages d’humour, parmi lesquels l’Anticyclopédie universelle (adapté au théâtre par Franck Duarte), l’Anticyclopédie du cinéma, L’Élevage des enfants (2 tomes, adapté au théâtre par Aurélie Treilhou et Éric Juillard) ou encore Nanar Wars (2 tomes), salués par un éclat de rire unanime.
Grâce à son dernier livre en solo, qui se moque avec férocité des guides de bien-être encombrant les rayons des librairies, il espère gagner beaucoup d’argent en devenant « coach de vie ». Est-ce bien sérieux ?
Emmanuel Vincenot et Emmanuel Prelle ont écrit en collaboration plusieurs livres d’humour, parmi lesquels l’Anticyclopédie universelle (Mille et une nuits, 2007), Le Grand Livre du futur (Mille et une nuits, 2010) et L’Élevage des enfants (Wombat, 2014 ; rééd. J’ai Lu).
Passionnés et collectionneurs de cinéma Z, ils ont également collaboré au magazine Cinéastes (mais aucun cinéaste n’a jamais voulu collaborer avec eux).
Humoriste américain, Roger Price (1918-1990) débute dans les night-clubs et à la radio, où il écrit pour les stars comiques de l’époque, avant de publier en 1951 Le Cerveau à sornettes (Wombat, préfacé par Georges Perec), manifeste illustré exposant son hilarante théorie de l’Évitisme, suivi quelques années plus tard de son équivalent en politique, traduit pour la première fois en français : Votez « Moi d’abord » !
Price est aussi le créateur des Droodles (voir l’anthologie Un Mexicain sur son vélo et 119 autres droodles, La Table ronde), devinettes dessinées qui lui ouvriront les portes de la télévision en 1954, et des Mad Libs (avec Leonard Stern) pour le fameux magazine Mad d’Harvey Kurtzman.
Cette contre-utopie humoristique est l’œuvre d’une grande figure méconnue de la littérature afro-américaine. George S. Schuyler (1895-1977) écrivit pour le journal le plus influent de la communauté noire, le Pittsburgh’s Courier, mais aussi pour The Nation ou l’American Mercury de H. L. Mencken. Satire mordante parue en 1931 qui lui valut l’hostilité générale, Black No More ne sera redécouvert aux États-Unis qu’au début des années 1990, réédité quatre fois depuis, s’imposant de fait comme « un classique de la littérature américaine » (Ishmael Reed).
Né en 1962 à Clinton (Ontario), Seth est l’auteur de la série de comic books Palooka Ville. Admirateur et collectionneur des artistes du New Yorker d’avant-guerre, il racontait cette passion dans sa première bande dessinée traduite en français, La Vie est belle malgré tout (Les Humanoïdes). Il a également publié Le Commis voyageur (Casterman), Wimbledon Green (Delcourt), George Sprott (Delcourt) et La Confrérie des Cartoonists du Grand Nord (Delcourt).
Graphiste et illustrateur délicat, aux teintes empreintes de nostalgie, il a créé la maquette de l’édition intégrale des Peanuts (Fantagraphics / Dargaud), de The Portable Dorothy Parker (Penguin Classics). À son tour, il lui arrive de réaliser des couvertures pour le New Yorker.
Découvert dès l’enfance, Bienvenue à Mariposa demeure un de ses livres de chevet, qu’il décrit dans sa postface comme « un texte brillant, drôle et très, très élaboré, l’uvre d’un homme à la fois intelligent et complexe. »
Né en 1961, Masahiko Shimada publie son premier recueil de nouvelles en 1983. L’année suivante, son roman Mûyûkyoku no tame no ongaku remporte le prix Noma. Il est depuis l’auteur d’une uvre riche et protéiforme, qui explore notamment la perte de repères de la société et de la culture japonaises. On citera Yumetsukai (traduit en anglais sous le titre The Dream Messenger) et Higan Sensei (prix Izumi Kyôka), paru en français sous le titre Maître Au-delà (Le Serpent à plumes, 2003).
Passionné par le chamanisme, Shimada signe avec La Fille du chaos un « spiritual mystery » empruntant au fantastique et au polar. Ce livre a reçu en 2008 au Japon le prix Geijutsu Senshô.
Né en 1971 à Paris, David Spector signe ici son premier ouvrage de fiction.
Écrivain et dessinateur, pilier de la rédaction du New Yorker durant plus de trente ans, James Thurber (1894-1961) fut un des grands talents comiques de l’âge d’or du magazine, aux côtés de Robert Benchley, S. J. Perelman et Wolcott Gibbs.
Si les textes d’humour de Thurber sont devenus des classiques constamment réédités dans les pays anglo-saxons, son style graphique sensible et naïf, très précurseur, eut aussi une influence considérable sur le dessin minimaliste de son temps, des Peanuts aux Shadoks.
James Thurber est l’auteur de La Vie secrète de Walter Mitty (adapté plusieurs fois au cinéma, de Norman McLeod en 1947 à Ben Stiller en 2014), d’une autobiographie drolatique, Ma chienne de vie, de La Dernière Fleur, conte graphique écologiste et pacifiste traduit en France par Albert Camus (rééd. Wombat 2018), ainsi que de L’Homme qui en savait trop peu (recueil inédit de parodies policières).
« James Thurber est né le 8 décembre 1894 à Columbus dans l’Ohio, où tant de choses épouvantables lui sont arrivées. Il s’est révélé incapable de garder quoi que ce soit dans son estomac jusqu’à l’âge de sept ans, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre une taille d’1,84 mètre (et demi) et un poids de 76 kilos (vêtements d’hiver compris). Il a commencé à écrire à dix ans (Horse Sandusky, le scout intrépide) et à dessiner à quatorze ans. Il n’a jamais travaillé comme cow-boy, garçon de ferme, docker, cuisinier dans une gargote, ou bûcheron, et n’a jamais boxé chez les amateurs. D’un tempérament sanguin, il met difficilement de l’eau dans son vin et, le plus souvent, les gens finissent tout simplement par s’en aller. Grand amateur de tir à la carabine, mais incapable de se concentrer, il a l’habitude de tirer en l’air au moment où il tend l’arme à son voisin. Sa candidature vient d’être rejetée par le Skeet Shooting Club du comté de Fairfield (Connecticut). Il a néanmoins gagné un canari en lançant des balles de base-ball contre des poupées de chiffons à Buckeye Lake, Ohio, en 1923…
Si quelqu’un parle, il n’écoute jamais, préférant garder son esprit vierge de toute pensée afin de pouvoir ouvrir la bouche quand les autres ont fini. Son livre préféré est Gatsby le Magnifique et son auteur de chevet Henry James. Il porte très mal des vêtements d’excellente qualité et ne retrouve jamais son chapeau. On lui a dérobé deux pardessus qu’il avait laissés dans les locaux du New Yorker, à moins qu’il ne les ait laissés ailleurs. Il est Sagittaire avec la lune en Bélier et s’entend à merveille avec tous les gens qui sont nés entre le 20 et le 24 août. »
Figure culte de la réflexion artistique contemporaine, écrivain, vidéaste (Stupor Mundi, avec Thomas Bertay), chroniqueur dans « Mauvais Genres » sur France Culture, collaborateur de la revue MLQ à L’Association, Pacôme Thiellement est l’auteur de nombreux ouvrages sur la pop culture.
De la musique (Poppermost sur les Beatles, Économie eskimo sur Frank Zappa, Cabala sur Led Zeppelin…) aux séries TV (Les Mêmes Yeux que «Lost » , Trois Essais sur « Twin Peaks »…), en passant par le cinéma, la BD ou la littérature, ses textes fulgurants et stimulants sont accueillis avidement par une communauté éclectique de plus en plus grande de fans, lecteurs et complices. Simultanément à cette nouvelle édition augmentée, il publie un nouvel essai sur l’amour, Sycomore Sickamour (PUF).
Roland Topor (1938-1997) : peintre, dessinateur, écrivain, dramaturge, poète, chansonnier, cinéaste, acteur, photographe, etc. Remarqué très tôt pour ses étranges dessins au graphisme original (dans Arts, Bizarre et Hara-Kiri), il reçoit le prix de l’Humour noir dès 1961 et crée le mouvement d’avant-garde Panique avec Arrabal, Jodorowsky et Olivier O. Olivier.
Son premier roman, Le Locataire chimérique, sera adapté au cinéma par Roman Polanski ; son deuxième, Joko fête son anniversaire, recevra le prix des Deux-Magots en 1970 ; il écrira aussi des recueils de nouvelles, des pièces de théâtre et des livres concepts.
Du long-métrage d’animation La Planète sauvage (avec René Laloux, prix spécial du Jury à Cannes en 1973) au meilleur film sur Sade, l’étonnant Marquis (avec Henri Xhonneux), en passant par les émissions télévisées Merci Bernard, Palace et Téléchat, Topor marquera également de son empreinte le cinéma et l’audiovisuel.
Certaines de ses images (affiches pour Amnesty International ou les films L’Empire des sens et Le Tambour) ont fait le tour du monde, toujours relevées d’un humour noir féroce.
« De son vivant, Topor vendait peu de tableaux, en donnait beaucoup, ses livres faisaient des bides, ses pièces des scandales, ses films faisaient hurler les critiques, et tout cela le rendait hilare : qu’est-ce que vos parents ont été cons ! Dépêchez-vous de (re)découvrir ou même relire tout simplement ces petits bijoux d’un des génies du XXe siècle. Avant que trente crétins, par leur silence, ne nous l’enterrent pour de bon. » (Yves Frémion, Fluide glacial)
Né en 1934 à Ôsaka, Yasutaka TSUTSUI est l’une des voix majeures de la science-fiction et du fantastique japonais. Il débute à la fin des années 1960 par des textes où l’on décèle les influences de Philip K. Dick et de J. G. Ballard. Son œuvre imposante a été couronnée de nombreux prix, dont le prix Kawabata, le prix Tanizaki et le prix Izumi Kyôka.
Quatre de ses livres ont déjà été traduits en français, parmi lesquels La Traversée du temps (L’École des loisirs) et Hell (Wombat) Tsutsui est aussi l’auteur du roman Paprika, dont l’adaptation en film d’animation (par Satoshi Kon en 2006) a connu un succès international.
Tour à tour typographe, pilote sur le Mississippi, chercheur d’or et journaliste, l’écrivain Mark Twain (1835-1910) fut, par son usage pionnier de la langue vernaculaire, son ironie, son réalisme et sa fantaisie l’un des fondateurs de la littérature américaine moderne et l’un des écrivains « star » de son époque. Auteur des célèbres aventures de Tom Sawyer et Huckleberry Finn, il signa aussi nombre de textes humoristiques et satiriques, ainsi que des récits de voyages.
C’est d’ailleurs au cours d’un long séjour en Europe (1891-95) que ce père de trois filles écrira son grand roman sur Jeanne d’Arc, livre qu’il dédie à son épouse dévouée. Fasciné par Jeanne depuis sa lecture, jeune, de l’essai de Jules Michelet, Twain mit à profit sa présence en France et des visites aux Archives nationales pour étudier de manière approfondie l’histoire de notre héroïne nationale.
Cette saga épique de Mark Twain, parue en feuilleton puis en livre aux États-Unis en 1895-96, n’eut guère de succès dans l’Amérique protestante d’alors, décontenancée par le lyrisme inhabituel de son auteur satirique favori sur cette icône du catholicisme français. Twain la tenait pourtant pour sa grande œuvre et son livre personnel préféré. Longtemps méconnue, voire oubliée, il fallut attendre le xxie siècle pour en lire une première traduction française.
Cinéaste, acteur, compositeur et écrivain, Melvin Van Peebles est né en 1932 à Chicago. Il réalise plusieurs courts-métrages aux États-Unis avant de venir à Paris à l’été 1960, sur l’invitation de la Cinémathèque française. Sans un sou, il survit d’expédients et apprend le français dans la rue et les bistrots, puis travaille un temps pour France-Observateur. Grâce à une rencontre avec l’écrivain Chester Himes, il fait la connaissance de Cavanna et toute la bande d’Hara-Kiri. De 1964 à 1966, il collabore activement à la revue, où paraîtra en grande partie Le Chinois du XIVe, illustré par Topor (rééd. Wombat, 2015). Il y adapte aussi La Reine des pommes en BD avec Wolinski et traduit la première version française du fameux magazine d’humour Mad (8 numéros, 1965-66).
À la fin des années 1960, il retourne aux États-Unis où il continue d’écrire, d’enregistrer des disques et réalise plusieurs longs-métrages, dont Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971), le film précurseur du cinéma de « Blaxploitation », qui ouvrira la voie à Shaft ou aux films de Spike Lee.
Melvin Van Peebles vit aujourd’hui à New York.
« Melvin, son cinéma, c’est le négro américain dessalé cigare au coin du bec j’emmerde les gros cons de blancs je méprise les négros qui ne sont que des négros. Tout Harlem dans un verre, Melvin. » (CAVANNA, Bête et méchant)