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couverture Comment attirer le wombat

Will Cuppy

Comment attirer le wombat

« Je suppose qu’il existe des gens qui ne souhaitent même pas attirer un wombat, sans parler d’en attirer plusieurs. La plupart d’entre eux sont simplement indifférents. D’un sens comme de l’autre, ils s’en fichent. Ne leur est-il jamais venu à l’esprit qu’il leur manquait peut-être quelque chose dans la vie, et que ce quelque chose pourrait être des wombats ? Je crains que leur attitude présente, si elle devait persister, ne fasse passer quelques mauvais quarts d’heure à notre directeur des ventes avant qu’il en ait fini avec ce bouquin.

D’un autre côté, vu ce que nous avons appris ces dernières années au sujet de ces sympathiques créatures, il y a indubitablement des gens qui veulent attirer un wombat, ou des wombats ; seulement, ce n’est pas à moi de chercher à savoir pourquoi. Pour eux, ce livre pourrait se révéler très précieux, d’une valeur qui dépasserait largement le prix de son acquisition. » (Will Cuppy)


Après Grandeur et décadence d’un peu tout le monde (Wombat, 2011), le nouveau livre inédit en français de Will Cuppy renoue avec l’exploration des animaux les plus incongrus de la planète, des « Insectes optionnels » aux « Oiseaux qui ne peuvent même pas voler », en passant par « Les mammifères problématiques », au nombre desquels, bien sûr, le wombat. Ce volume est agrémenté de quelques interludes fort utiles, qui nous expliquent par exemple « Comment écraser une mouche ». Cuppy ne manque pas non plus de rendre hommage aux grands auteurs classiques (« Pline l’Ancien dit que les perles se forment à partir de gouttes de rosée qui tombent dans l’huître lorsqu’elle bâille. On ne peut vraiment rien faire contre ce type ? »)

Mais ne nous y trompons pas : si l’humour de Cuppy est aussi irrésistible, c’est qu’y pointe l’acuité d’un grand moraliste, dans la lignée d’un La Fontaine et d’un La Rochefoucauld, revu et corrigé par Mark Twain, où le sens aigu du comique est relevé d’un pessimisme toujours spirituel.


Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Brument

Préambule de Will Cuppy

Couverture & illustrations d’Honoré

« Les Insensés » nº11


Parution : 18 octobre 2012

192 pages – 18 €

Will Cuppy


Will Cuppy par Ed Nofziger © DR.

Critique littéraire, Will Cuppy (1884-1949) écrivit durant l’entre deux guerres des chroniques humoristiques pour de nombreux journaux, du Herald Tribune au New Yorker, sur ses sujets favoris, au premier chef la zoologie et l’histoire. Il est l’auteur d’une trilogie drolatique sur les animaux : Comment reconnaître vos amis des grands singes (Rivages/poche, 2007), Comment cesser d’exister (Rivages/poche, 2012) et Comment attirer le wombat. Il a également signé Grandeur et décadence d’un peu tout le monde, hilarant anti-manuel d’histoire qu’il ne cessa de peaufiner pendant plus de quinze ans et qui ne paraîtra qu’à titre posthume en 1950 – devenant, par ironie du sort, son premier best-seller.

Misanthrope et asocial, Will Cuppy avait vécu une dizaine d’années en ermite sur une île, Jones’s Island, au sud de Long Island, refuge qu’il dut quitter à contrecœur en 1929. À nouveau sommé de quitter l’appartement new-yorkais où il s’était terré les vingt années suivantes (n’en sortant guère que pour se rendre au zoo du Bronx), il préféra mettre fin à ses jours en 1949. Humoriste sans égal, qui comptait au nombre de ses admirateurs P. G. Wodehouse et James Thurber, il est l’incarnation même de l’adage selon lequel « l’humour est la politesse du désespoir ».


Les livres de Will Cuppy aux Nouvelles Éditions Wombat

Grandeur et décadence d’un peu tout le monde (plus d’infos)

Comment attirer le Wombat

Comment distinguer vos amis des grands singes (plus d’infos)

Comment cesser d’exister (plus d’infos)


Eric Chevillard sur Will Cuppy

Le Monde des livres du 7/11/2012 (télécharger le pdf)

Honoré

Illustrateur et dessinateur de presse, Philippe Honoré (1941-2015) a travaillé pour de nombreux journaux, parmi lesquels Le Monde, Libération, Lire, Le Magazine littéraire, sans oublier Hara-Kiri, avant de devenir un pilier du nouveau Charlie hebdo à partir de 1992. Son graphisme inspiré de la gravure, profondément spirituel et drolatique, l’a imposé immédiatement comme un classique (dernier recueil paru : Je hais les petites phrases, Les Échappés, 2011). Il fut une des victimes de l’attentat du 7 janvier.

Créateur de ludiques et érudits Rébus littéraires (en cours de réédition chez Arléa), Honoré avait aussi mis son talent d’illustrateur au service de grands textes d’humour, comme le Bestiaire d’Alexandre Vialatte (Arléa, 2003) et Comment attirer le wombat de Will Cuppy (Wombat, 2012 ; réédition 2015).


Les livres d’Honoré aux Nouvelles Éditions Wombat

Comment attirer le Wombat

Extrait du préambule

“ En ce qui concerne ce troisième essai, le public au sens large peut bien sûr estimer que j’en ai déjà assez fait pour les animaux. Cette pensée déplaisante m’a traversé l’esprit l’autre jour lorsque j’ai rencontré un vieil ami dans la rue qui m’a demandé : « Tu écris toujours sur ces petits animaux ?  » Cette question m’a surpris, et pas dans le bon sens, car il se trouve que j’ai écrit sur certains des plus grands animaux vivants. Je pense que l’éléphant devrait être suffisamment gros pour quiconque, et que dire de la baleine bleue, le plus grand animal des sept mers, qui peut mesurer jusqu’à trente mètres de long et peser jusqu’à cent cinquante tonnes ! Qu’attend-il de plus ?

Je plaisante, bien sûr, car je sais très bien que mon ami voulait dire : « Tu écris toujours ces petits textes sur les animaux ?  » J’aurais dû répondre, comme je le fais d’habitude : « Oui, j’écris toujours ces petits textes sur les animaux. Je suis une personne qui écrit des petits textes sur les animaux. C’est mon métier. C’est ce que je fais. Vu ? » Je n’ai pas pris la peine de faire cet effort. Je me suis contenté d’acquiescer diplomatiquement et de m’en aller en lâchant sur un ton brusque : « Ravi de t’avoir revu. »

Je ne savais que trop bien où cet ami voulait en venir, or il y a des moments où je ne puis supporter cette situation. Dix secondes plus tard, disons cinq même, il aurait demandé : «  Pourquoi tu n’écris pas sur les gens, Will ? » Ils me le demandent toujours. Ils me l’ont demandé, année après année. Et ils continueront de le faire, jusqu’à ce que je rende mon dernier soupir. Telle est la croix que je dois porter.

Pour vous donner une idée, la première amie que j’ai croisée dans la rue après avoir écrit le livre sur les singes a remonté la foule à contre-courant aussitôt qu’elle m’a vu et m’a crié de loin : «  Pourquoi tu n’écris pas sur les gens, Will ? » Cela m’a d’autant plus surpris que, dans ce recueil, j’avais justement pris cette dame comme modèle pour mon chapitre sur le chimpanzé. Je craignais qu’elle m’attaque en justice, mais, comme cela semble être la règle avec mes textes, rien ne s’est produit. Dans Comment attirer le wombat, elle fait de nouveau une apparition sous les traits du personnage principal dans le chapitre sur l’oie, mais elle ne le saura jamais. Elle pense que je ne m’intéresse pas aux gens.

Est-ce pour cela, me suis-je souvent demandé, que j’ai mis en péril ma réputation scientifique de manière répétée en décrivant les animaux sur un mode outrageusement anthropomorphique, que j’ai traité à la légère les distinctions admises entre instinct et intelligence jusqu’à compromettre certains des principes fondamentaux de Darwin lui-même, au point que n’importe quel zoo qui se respecte refuserait de m’embaucher, même à un poste subalterne ? ”

La presse à propos de Comment attirer le wombat

« On n’en finit plus de découvrir Will Cuppy. C’est toujours la perfection, l’implacabilité du destin des animaux (et autres) décrits, le détail qui tue, soigneusement compilé et restitué par Cuppy, mais à sa façon lapidaire et fulgurante. Il fait mouche chaque fois, on retient la formule, qui tue. Ai-je besoin d’ajouter à quel point c’est hilarant ? Tout est vrai, vraisemblable, et tout est construit de telle façon que c’est au final absurde, farfelu, monstrueux. Un style, un vrai. » (Yves Frémion, Fluide glacial)

« Un nouveau cours de zoologie frappadingue du grand expert américain en “animaux problématiques”. Dans le cas présent, tout ce qu’on apprend de vital sur le wombat, “animal au physique trapu avec courtes pattes et une allure fruste et négligée”, c’est qu’il ne mord affectueusement ses maîtres que d’une manière apathique. Heureusement que Will Cuppy nous apprend aussi que les koalas sont polygames alors que les huîtres européennes sont hermaphrodites, que les scarabées (les grosses vrillettes) n’arrivent à draguer qu’en se cognant la tête contre le bois ou que les loups de Tasmanie ont une poche abdominale tels les kangourous. On a compris à ces précisions que Cuppy peut être tenu pour le Vialatte amerloque. » (Noël Godin, Siné mensuel)

« Will Cuppy fut un original, un exilé parmi les autres hommes, un critique de talent et un humoriste hors pair. Sa vision du monde oscille entre mélancolie et lucidité féroce. Acharné de recherches exhaustives, d’archives et de détails insolites, il s’est lancé, en moraliste moderne, dans une œuvre incroyable : une galerie animalière présentée sous la forme de courtes vignettes au ton singulier, surprenant, inégalé. (...) Le règne animal sur lequel il se penche avec passion, et doté de la lorgnette du chercheur, renvoie inévitablement à l’homme un reflet déformant, quoique véridique. Dans ce bestiaire atypique, l’auteur associe des descriptions naturalistes à des remarques incongrues, soulignant son propos par le recours fréquent à des notes de bas de page qui constituent à elles seules un véritable régal de drôlerie et de bizarrerie : “Aristote affirme que les souris se reproduisent en léchant du sel. Certaines d’entre elles, peut-être”. “Les lapins grignotent de biais juste pour avoir l’air mignons”. “Certains soutiennent que les huîtres n’ont pas de nerfs. Pour ma part, je dirai qu’une huître qu’on a ouverte est une huître nerveuse”. Comment attirer le wombat, un cocktail rafraîchissant et spirituel, à consommer sans aucune modération ; un livre de chevet à lire aux nourrissons, aux bambins, aux estudiantins, à réciter par cœur et en chœur dans les salles de classe, les chapelles et les maisons de retraite, à ouvrir et à relire comme un bréviaire. » (Myriam Bendhif-Syllas, La Cause littéraire)