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Tous au pôle !

Wolcott Gibbs

Tous au pôle !

Journal d’expédition du commandant Robin

Une expédition polaire qui ne vous laissera pas de glace !


Le commandant Christopher Robin est expédié au pôle Sud par le grand magnat de la presse Herbst. Équipé de tout sauf du nécessaire, le navigateur malgré lui se trouve embarqué dans une aventure « bipolaire » et scénarisée à son insu. Car la prétendue entreprise à but scientifique se révèle être une gigantesque opération publicitaire, où l’on croise de biens drôles d’oiseaux, de la starlette bimbo Cynara au pingouin alcoolique baptisé Jake.

Parodie burlesque du récit de la première expédition de l’amiral Richard Byrd (1928-1930), Tous au pôle ! s’attaque frontalement aux dérives des médias à une époque où les nouvelles technologies (le cinéma et la radio) se mettent au service de l’information-spectacle traditionnelle. En ces temps de « publi-reportages », de chaînes d’infos en continu et de voyages spatiaux sponsorisés, cette pochade extra-lucide, publiée en 1931, critique visionnaire du tourisme aventurier, n’a rien perdu de son actualité ni de son mordant.


Traduit de l’anglais (États-Unis) et préfacé par Thierry Beauchamp

Couverture de Michel Pirus

Coll. « Les Insensés » n° 36


Parution : 3 janvier 2019

Format 125x187 avec rabats

128 pages – 16 euros

ISBN : 978-2-37498-139-0


Ce livre est également disponible en e-book (formats ePub et PDFweb).


Wolcott Gibbs


Wolcott Gibbs (1902-1958) travailla comme éditorialiste, critique de théâtre et parodiste pour le New Yorker de 1928 jusqu’à sa mort. Collègue de bureau de James Thurber et Robert Benchley, il fut aussi le grand rewriter du magazine, le seul à qui l’on pouvait demander de corriger, retoucher et parfois même terminer les papiers de ses illustres collègues (Scott Fitzgerald y compris). En plus de son unique roman satirique, Tous au pôle ! (1931), il a publié une pièce de théâtre, Season in the Sun (grand succès à Broadway), et trois recueils d’articles humoristiques, jamais traduits en français.

De cet incurable misanthrope et grand alcoolique, Harold Ross, le grand patron du New Yorker, avait coutume de dire : « Il n’aime peut-être rien, mais il sait tout faire. » Quant à l’éminent humoriste anglais P. G. Wodehouse, qui n’appréciait guère le ton ni l’esprit du magazine américain, lui-même dut concéder : « Tout ce qui est publié dans le New Yorker est ennuyeux au possible, à l’exception de Wolcott Gibbs. »


Extrait

« Comme presque tout de nos jours, cette histoire débuta par un coup de fil. Le téléphone sonna et je décrochai le combiné.
– Allô, fis-je.
– Allô, répondit une voix. Je m’adresse bien au commandant Robin ? Au commandant Christopher Robin ?
– C’est lui-même.
– M. Herbst désire vous parler. Restez en ligne.

Je gardai la pose un certain temps. Herbst est un de ces hommes qui aiment faire attendre les gens au téléphone. Une fois, ils ont soutenu sa candidature au poste de gouverneur et ça lui a donné des idées. Un peu plus tard, la voix m’annonça :
– M. Herbst va vous prendre tout de suite.
– Salut, Robin, me dit Herbst à l’autre bout du fil. C’est Herbst. Que diriez-vous d’aller au pôle Sud ?

Voilà un autre problème avec lui. Il traîne avec un tas d’écrivains, et ils lui ont donné une vision de la vie plutôt théâtrale. Il croit que les grands patrons parlent comme ça, qu’ils s’expriment sans détour. Ça impressionne probablement beaucoup de monde, mais moi, ça me fatigue.
– Je ne veux aller nulle part, déclarai-je. Je suis très bien là où je suis.

Il ne prêta aucune attention à mes paroles.
– Passez demain matin : nous réglerons les détails.
– Écoutez, Herbst…, commençai-je, mais il avait déjà raccroché.

Pendant un moment, je pensai ne pas y aller. Quand un homme a dérivé deux mille milles sur un iceberg en compagnie d’un ours polaire irascible, ça change son point de vue sur pas mal de choses – notamment les directeurs de journaux. Ils ne peuvent pas vous siffler comme si vous étiez un garçon de bureau ou un sénateur. Or, le lendemain matin, je n’avais rien de particulier à faire et je me dis : pourquoi ne pas y aller, histoire de découvrir ce que Herbst a derrière la tête ? Ce fut une erreur. »


© Nouvelles Éditions Wombat, 2019.


La presse à propos de Tous au pôle !

« Éditorialiste au New Yorker, Wolcott Gibbs croquait ce Tous au pôle ! en 1931 avec une solennité comique, une incohérence fiévreuse, une fatale majesté. Dans cette satire burlesque d’une expédition réelle de l’amiral Richard Byrd, il s’adonne au nonsense avec gourmandise… Complètement givré ! » (Laurent Raphaël, Focus-Le Vif)


« Wolcott Gibbs mène l’intrigue de façon drôle et vivante, dans un roman à coloration satirique. Quatre-vingt-huit ans après sa sortie, Tous au pôle ! garde tout son mordant. » (Marc-Olivier Parlatano, Le Courrier)


« Les bévues et les dégâts s’enchaînent dans un vaste n’importe quoi digne des Monty Python sous ecstasy. Ou beurrés au whisky, comme l’était Wolcott Gibbs… Une pochade incisive, nonsensique et tordante sur les dérives médiatiques de l’époque. » (Sandra Benedetti, L’Express)


« Gibbs s’en donne à cœur joie et son récit est un merveilleux jeu de massacre où les membres de l’expédition disparaissent les uns après les autres dans des circonstances ridicules… C’est féroce, joyeusement désespéré et parfaitement hilarant de bout en bout. » (Stéphane Babey, Vigousse)


« Un régal de parodie où l’absurde le dispute au mauvais esprit. Publié en 1931, ce roman hilarant était clairement en avance sur son temps. Dénonçant avant en l’heure les excès du grand cirque médiatique, il narre l’improbable expédition d’un équipage manipulé à distance par un patron de presse prêt à tout pour faire parler de son entreprise. C’est drôle, mordant et d’un cynisme à toute épreuve. Presse spectacle, dévoiement du journalisme, envahissement de la publicité, tout y passe avec un art consommé de la farce et du burlesque. » (blog D’une berge à l’autre)


« Tous au pôle ! est une vraie bonne surprise. Très agréable à lire, je l’ai dévoré comme une friandise glacée. J’ai bien rigolé et il y a un pingouin dedans. Il n’en faut pas plus pour faire mon bonheur. » (blog La Bibliothèque de Loki)