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couverture Pourquoi je déteste la nature

Robert Benchley

Pourquoi je déteste la nature

Une drôle de leçon d’écologie

par l’humoriste Robert Benchley


C’est bien beau de chanter les louanges de mère Nature, mais n’en fait-on pas un peu trop ? La nature n’aurait-elle pas elle aussi quelques défauts ? Les violents orages, les blizzards bizarres, les chutes de météorites, les pigeons malveillants et autres volatiles agressifs, les tarentules géantes et les chiens qui se mettent à parler… Autant d’épreuves pour les nerfs de n’importe quel individu sensé et sensible.

Certes, on peut s’attrister de la disparition d’espèces animales, mais certaines, comme le tétra des prairies, avaient peut-être aussi de très honorables raisons de s’éclipser. Quant à tenter de faire ami-ami avec la nature, en s’appliquant à connaître le nom des fleurs, à se mettre au jardinage ou à observer des colonies de fourmis, sachez que ces louables occupations risquent de vous rendre légèrement névrosé, un poil dépressif, voire carrément dingo.


Dans ce recueil original rassemblant plus de vingt nouvelles inédites en français, le plus caustique des humoristes de l’âge d’or du New Yorker, Robert Benchley, en fervent partisan d’une écologie dubitative, remet enfin les pendules à l’heure avec la nature !


Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Brument

« Les Insensés » nº47

Parution : 25 août 2022

128 pages – 15 euros

ISBN : 978-2-37498-213-7


Ce livre existe aussi en e-book (formats ePub et PDF web)

Robert Benchley

Chroniqueur humoristique, Robert Benchley (1889-1945) publia ses textes dans les plus prestigieux magazines de son époque, de Vanity Fair au New Yorker. Dès 1928, il fut aussi l’un des premiers comiques du cinéma parlant (avec Le Rapport du trésorier) et reçut un Oscar pour son film intitulé : Comment dormir ? Membre fondateur du « cercle vicieux » de l’hôtel Algonquin avec sa grande amie Dorothy Parker, il fit les quatre cents coups en compagnie de joyeux drilles tels Ernest Hemingway et Errol Flynn.

Maître de l’humour décalé et absurde, admiré par ses pairs, de Stephen Leacock à Woody Allen, Benchley demeure l’un des écrivains américains les plus drôles du xxe siècle.


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Extrait

Extrait de « L’homme futur : arbre ou mammifère ? »


L’étude de l’Humanité dans sa condition actuelle s’étant révélée un tel fiasco (la condition actuelle de l’Humanité étant en soi un fiasco), des scientifiques se perdent à présent en spéculations sur ce à quoi ressemblera l’Humanité dans les générations futures. Et quand je dis « futures », je ne parle pas de 1940. Ajoutez une paire de zéros et vous serez plus proche du compte. C’est assez peu risqué de prédire à quoi ressemblera l’Homme dans un tel avenir, car qui sera capable de vérifier l’exactitude de ces prévisions ? Nous savons à quoi ressemblait l’Homme à l’ère du Pléistocène. Il était affreux. Il avait déjà bien de la chance d’arriver à se tenir debout ; quant à ses caractéristiques faciales, je vous ferai une faveur en gardant le silence à ce sujet. D’une manière ou d’une autre, il en savait assez pour dessiner des éléphants et des mammouths sur les parois de ses cavernes, mais j’ai toujours suspecté que ces images d’éléphants avaient été dessinées par un petit plaisantin qui vivait dans le coin vers 1830 et voulait s’amuser un peu. On ne me fera pas croire que quelqu’un qui se tenait lui-même aussi mal que l’Homme de Neandertal aurait pu tenir un morceau de crayon assez long pour dessiner un éléphant. Enfin, ce ne sont pas mes oignons. Moi non plus, je ne sais pas dessiner un éléphant, c’est sans doute pourquoi je suis si amer.

Mais lorsqu’on en vient à prédire à quoi ressemblera l’Homme dans cent mille ans (je mets cent mille ans parce que, arrivé à des nombres pareils, ça ne fait aucune différence – cent mille ou cinquante mille, quelle importance ?), lorsqu’on en vient à prédire si loin dans l’avenir, là, ce sont les affaires de tous. Moi-même, je peux le faire.

Quand on regarde en arrière et qu’on voit comment l’Homme a évolué en passant par tous ces stades épatants depuis l’ère paléozoïque, de l’éponge au têtard puis à la méduse (peut-être que ce n’est pas la bonne séquence – on n’a pas l’air de se rapprocher de l’Homme), bref, en passant par ces stades avant qu’il progresse, à travers le singe, jusqu’à la chose magnifique que nous connaissons à l’époque actuelle sous la forme de J. Hamilton Lewis ou Grover A. Whalen, et quand on considère la quantité de millénaires qu’il lui aura fallu pour développer ne seraient-ce que des bras et des jambes, sans parler des boutons de chemises perlés et des demi-guêtres, on réalise qu’il faut faire preuve de la plus grande prudence avant de prédire à quoi ressemblera l’Homme dans un nombre équivalent de millénaires. Il pourrait d’ici là s’être transformé en arbre de l’espèce catalpa. Des choses plus étranges se sont déjà produites.

Je fonde ma prédiction sur le rôle que le mimétisme des couleurs a joué dans le développement de l’Homme à partir d’animaux inférieurs. Seules les méduses qui avaient la même couleur que le paysage environnant ont survécu aux rigueurs de l’évolution. (Nommez six rigueurs de l’évolution, en commençant par les rhumes de cerveau.) Les oiseaux qui ont la même couleur que le feuillage où ils nichent risquent moins d’être dérangés par d’autres oiseaux susceptibles de passer à l’improviste pour bavarder, et vivent donc plus longtemps. Le caméléon est un bon exemple de mimétisme des couleurs poussé à l’extrême – jusqu’au ridicule. Si tous les animaux avaient possédé cette capacité de changer de couleur en un clin d’œil, nous serions tous aujourd’hui dans un asile de fous…