« Topor était un immense artiste qui aimait les petits bars. Il aimait le vin et boire dans ces petits bars avec les gens collés au zinc... Café Panique, ce sont tous les cafés en un seul. Tous les clients en quelques clients bien sentis. Bien sculptés. Beaux cornichons trempés dans le vinaigre. Café Panique, c’est le monde des buveurs bavards concentré en un seul zinc. »
(Extrait de la préface de Jean-Marie Gourio)
Café Panique, ce sont trente-huit histoires, loufoques & véridiques, récoltées par Topor dans les bistrots, où anecdotes, légendes urbaines et mythologies de comptoir s’entrelacent, et où la réalité toujours dépasse la fiction. Café Panique, ce sont trente-huit contes grotesques, burlesques et tragi-comiques distillés par l’imagination panique de Topor, fables cruelles sur lesquelles plane l’ombre de Gogol, Kubin, Ambrose Bierce et Damon Runyon.
Café Panique, c’est le grand Barnum des clowns humains, où l’on écoute l’histoire d’Attends-la-Suite, le comique le plus triste du monde, celle de Double-Face, l’inventeur d’un cocktail qui transforme les hommes en femmes, ou encore celle de Poney-Express et Vodka-aux-Herbes, dont les scènes de ménage sont si explosives que l’ONU doit leur envoyer un casque bleu !
Ce classique de la littérature de comptoir est suivi de Taxi Stories, soit quinze histoires, tout aussi véridiques & loufoques, récoltées par Topor dans les taxis. En route pour le Café Panique, bien entendu.
Roland Topor (1938-1997) : peintre, dessinateur, écrivain, dramaturge, poète, chansonnier, cinéaste, acteur, photographe, etc. Remarqué très tôt pour ses étranges dessins au graphisme original (dans Arts, Bizarre et Hara-Kiri), il reçoit le prix de l’Humour noir dès 1961 et crée le mouvement d’avant-garde Panique avec Arrabal, Jodorowsky et Olivier O. Olivier.
Son premier roman, Le Locataire chimérique, sera adapté au cinéma par Roman Polanski ; son deuxième, Joko fête son anniversaire, recevra le prix de Flore en 1970 ; il écrira aussi des recueils de nouvelles, des pièces de théâtre et des livres concepts.
Du long-métrage d’animation La Planète sauvage (avec René Laloux, prix spécial du Jury à Cannes en 1973) au meilleur film sur Sade, l’étonnant Marquis (avec Henri Xhonneux), en passant par les émissions télévisées Merci Bernard, Palace et Téléchat, Topor marquera également de son empreinte le cinéma et l’audiovisuel.
Certaines de ses images (affiches pour Amnesty International ou les films L’Empire des sens et Le Tambour) ont fait le tour du monde, toujours relevées d’un humour noir féroce.
« De son vivant, Topor vendait peu de tableaux, en donnait beaucoup, ses livres faisaient des bides, ses pièces des scandales, ses films faisaient hurler les critiques, et tout cela le rendait hilare : qu’est-ce que vos parents ont été cons ! Dépêchez-vous de (re)découvrir ou même relire tout simplement ces petits bijoux d’un des génies du XXe siècle. Avant que trente crétins, par leur silence, ne nous l’enterrent pour de bon. » (Yves Frémion, Fluide glacial)
“ Attention, je voudrais que les choses soient bien claires entre nous : je ne tiens pas à faire de la publicité pour Panique. Panique est un bistrot pourri, comme les autres. Plus cher que les autres. Les toilettes sont infectes et, quand on veut téléphoner, il faut descendre au sous-sol, puis remonter parce qu’on a, comme d’habitude, oublié de vous passer la ligne. Le mépris du client règne, comme ailleurs. Seul point positif, le vin n’est pas mauvais, mais pas au point de délirer. Non, l’avantage principal de Panique demeure sa position géographique privilégiée, c’est-à-dire à deux pas de chez moi. Quand je pousse la porte de Panique, je n’ai pas besoin de me démancher le cou pour trouver quelqu’un à qui parler, puisque je connais, de vue au moins, presque tous les consommateurs. C’est ça, le privilège de l’habitué, et je vous prie de croire qu’il vaut son pesant d’or. Si je picole un peu trop, j’ai des excuses. Les histoires de comptoir m’intéressent plus que les déclarations d’amour ou la télé à deux. Alors voilà, je traîne chez Panique, mais au moins je ne m’ennuie pas. Tout le monde ne peut pas en dire autant. ”
« Le Café Panique est, comme tous les bistrots d’habitués, un lieu de rencontres, de discussions –
celles du Café du Commerce et les autres –, le théâtre de brèves de comptoir. Une quarantaine de textes
composent ce recueil, textes loufoques, absurdes, poétiques. À leur lecture on rit – parfois jaune, car l’humour
le plus noir n’est jamais très loin – et on prend un plaisir que seule une écriture littéraire et
imaginative sait procurer. S’y joignent, dans ce volume, quinze Taxi Stories, autres scénettes grinçantes dont
les chauffeurs de taxi ne sortent guère grandis, mais qui rappelleront sans doute des souvenirs aux habitués des courses
parisiennes. En refermant ce livre, consommé sans modération, on a envie de prononcer cette phrase, aujourd’hui si
politiquement incorrecte : “Garçon, la même chose !” »
(Thierry Savatier, Les Mauvaises Fréquentations, Le monde.fr)
« À déguster les unes après les autres ces histoires nées d’une fréquentation
assidue d’un nombre incalculable de bistrots, plusieurs réflexions s’imposent. Les situations les plus invraisemblables
montrent que la réalité dépasse la fiction ; que les modulations du rire suivent immanquablement les histoires
à dormir debout ; que ce qui est bizarre, comme la revue du même nom, est cent fois plus crédible qu’un
banal fait-divers. Sardoniques et grinçantes, ses histoires créent des sueurs froides. Sa marque de fabrique :
“la déformation expressive”. Sa méthode : bousculer les pièces sur l’échiquier du quotidien en
se passant des règles. Il sous-entend : réfléchir c’est mentir. Pour en avoir fait l’expérience,
il sait que l’absurde s’impose au détriment de la logique. Là où il révèle son génie,
c’est quand il affirme avec l’assurance qui le caractérise que “tous les lieux se valent, surtout quand ils ne valent
pas grand-chose”. » (Alfred Eibel, blog)
« Roland Topor a laissé à sa mort une uvre graphique comme littéraire d’une incroyable richesse.
Si ses dessins sont collectionnés à travers le monde, bon nombre de ses pièces continuent à être jouées
sur des scènes mondiales. Restent ses écrits, subversifs, surréalistes, burlesques, loufoques... qui n’ont
d’autre destination que de nous surprendre à chaque lecture. Café Panique, son chef-d’uvre absolu, en
fait partie. Quelle jouissance que de le voir triturer ainsi la langue française et l’âme des personnes de son
entourage ! Une lecture indispensable. » (Frédéric Bosser, [dBD])
« On ne se lasse jamais de lire Topor, c’est pour ça que Wombat ne se lasse pas de l’éditer et de le
rééditer. Dernier en date, réédition de Café Panique et de Taxi Stories, avec quelques
illustrations du maître. Jamais il n’a autant excellé que dans les formes courtes, coups de poing littéraires
comme ses dessins l’étaient aussi. Redisons-le : Topor fut un des meilleurs écrivains de son siècle, pas
seulement un des meilleurs dessinateurs. » (Yves Frémion, Fluide glacial)