Donald Trump ne vous fait plus rire ? Votez Fields !
On sait depuis Ronald Reagan que les présidents américains sont parfois de mauvais acteurs. Alors pourquoi ne pas confier cette lourde tâche à un vrai clown, gentleman de surcroît ? Impôts, éducation, santé, beau sexe, affaires, spiritueux, corruption... Si vous votez Fields, en trois coups de cuiller à pot, il réglera tous vos problèmes !
Parue en 1940, cette parodie de programme électoral populiste, signée par l’un des plus grands auteurs et acteurs comiques de son temps, flingue à tout va avec un humour caustique et décapant tout à fait moderne, qui n’est pas sans évoquer un Coluche en France.
On n’en attendait pas moins de l’homme qui a déclaré un jour : « Tout le monde a besoin de croire en quelque chose. Moi, je crois que je vais reprendre une bière. »
Enfin un président qui tiendra ses promesses !
William Claude Dukenfield, dit W. C. FIELDS (1880-1946), débuta comme jongleur au music-hall avant de révéler ses talents de clown, notamment dans la fameuse troupe des Ziegfeld Follies. Scénariste et dialoguiste de la plupart de ses films, il explose dès 1930 dans le cinéma comique parlant, dont il sera, avec les Marx Brothers, l’une des grandes stars. Citons Une riche affaire, Mines de rien et Passez muscade.
Saltimbanque excentrique, misanthrope acariâtre, buveur immodéré de « spiritueux médicinaux », on lui attribue plusieurs formules restées célèbres, parmi lesquelles : « Quelqu’un qui déteste les enfants et les chiens ne peut pas être tout à fait mauvais. »
Site officiel de W.C. Fields : www.wcfields.com
“ Le 15 mars est invariablement un jour de rares réjouissances et d’effrénées festivités à travers tout le pays. C’est en effet la date où les citoyens de notre belle nation peuvent user de leur droit inaliénable : expédier une grosse tranche de leurs revenus annuels à Washington ; en retour, nos députés leur enverront des sachets de graines de radis et des photos intimes, prises à la dérobée, alors qu’ils sarclaient leurs fermes ou embrassaient leurs petits-enfants. La plupart des députés sont très humains, à défaut de mieux.
Parmi mes myriades d’aimables lecteurs, il en est sans doute un grand nombre qui apprécieraient davantage le 15 mars sans les complexités de la lutte avec leur déclaration de revenus. En vérité, certains citoyens sont même si intimidés par cet imposant document qu’ils vont jusqu’à l’ignorer. Je compte au moins un de ces individus parmi mes relations (je dis « compte » parce que c’est ce qu’il est maintenant : un numéro, à la prison d’Alcatraz).
Mais revenons à nos moutons : pour payer l’impôt sur le revenu, il vous faut d’abord disposer d’un revenu, lequel doit excéder 1000 dollars. En d’autres termes, le gouvernement s’arrange de sorte que : 1) soit vous mourez de faim en ayant un revenu si bas que vous n’avez pas à payer l’impôt, 2) soit vous disposez d’un revenu assez élevé pour payer l’impôt – puis vous mourez de faim après vous en être acquittés. ”
© W.C. Fields Productions / Nouvelles Éditions Wombat, 2016.
« Fou comme Coluche, plus drôle que Trump, plus percutant que Sarkozy. » (Willem, Charlie hebdo)
« Voici le programme électoral – délicieux ! – du comique le plus dévastateur du cinéma hollywoodien. » (François Forestier, L’Obs)
« En 1940, le génie W. C. Fields publiait son programme présidentiel, le but étant d’être élu dans “un tonnerre d’applaudissements, d’acclamations et de défenestrations de bébés”… Malgré tout son talent comique, Donald Trump ne sera jamais aussi drôle. » (Nicolas Ungemuth, Figaro magazine)
« Vingt-cinq ans avant Pierre Dac et quarante ans avant Ronald Reagan et Coluche, un comédien alors célébrissime briguait les plus hautes fonctions américaines. Sauf que pour W. C. Fields, c’était réellement pour rire. Alors qu’un comique maquillé à l’autobronzant rêve de Maison-Blanche, ressortir ce programme dément s’avère jouissif. » (François Julien, VSD)
« Fields, lui, n’a pas hérité d’un empire immobilier. Son métier, c’est saltimbanque, ou plus exactement jongleur, comme W .C. Fields l’était dans la vraie vie. Et à la différence du candidat républicain, s’il fait rire, ce n’est pas à ses dépens. Ce qu’il démontre avec humour, c’est que n’importe quel clown peut se porter candidat et fournir un discours argumenté. En France, on a connu plus tard le cas illustre de Coluche, dont la vrai-fausse candidature était devenue drôlement sérieuse (16 % d’intentions de vote), et lui avait valu d’être un ennemi public très populaire. Certes, Fields n’est pas allé jusque là et ce n’était pas son intention en écrivant Fields Président !. Il jonglait plutôt entre un malaise réel, le rêve déçu des Américains auquel pouvait feindre de répondre un tract populiste, et ses propres fantasmes, son univers absurde qui l’avait propulsé, avec Charlie Chaplin et les frères Marx, sur le devant de la scène humoristique de son temps. Le non-sens pour expliquer un réel malaise, voilà le véritable sens de ce texte. » (Simon Bentolila, Le Magazine littéraire)
« Son alcoolisme était légendaire. Son talent l’était tout autant. “Si je bois, c’est pour rendre les autres intéressants”, disait cet amateur de gin. En cette année électorale outre-Atlantique et préélectorale en France, marquée par la surenchère populiste et les arguments désolants de bêtise, il est opportun de découvrir la parodie de programme politique de W. C. Fields, candidat à la Maison-Blanche. Son slogan ? “Une poulette dans chaque pot.” Son credo ? “Au lieu d’interdire aux gens de faire ce qu’ils aimeraient faire, forcez-les à faire ce qu’ils aimeraient faire.” (…) Lire Fields, c’est voter pour lui. » (Macha Séry, Le Monde des livres)