Dans cet ouvrage, Jack Douglas évoque à peu près tous les sujets, sauf les chauffeurs de bus. Faut-il s’en plaindre ? On y trouvera en revanche de fascinantes considérations sur l’Inde mystérieuse, l’usage des stupéfiants et les funérailles à Hollywood, ainsi que la belle histoire d’amitié entre un petit garçon et un brontosaure, une publicité pour devenir écrivain, les pérégrinations d’un chanteur folk dans la Rome antique et plusieurs sagas d’amour torrides. On y croisera aussi pêle-mêle Bongo l’éléphanteau, un certain S. Cott Gerfitzald ou encore le marquis de Sade.
La présente édition reprend l’intégralité de Ne vous fiez jamais à un chauffeur de bus nu (1960), le chef-d’uvre loufoque de Jack Douglas, précédé d’une sélection des meilleurs textes de son premier livre, Mon frère était fils unique (1959).
« Après avoir passé ses huit premières années dans la vitrine d’une animalerie, et l’essentiel du restant de sa vie dans un élevage de moutons perdu au fin fond de l’Australie – d’abord comme berger, ensuite comme mouton –, M. Douglas a écrit son troisième livre. C’était censé être son second, mais parce que beaucoup de ses amis l’ont prévenu que le second était le plus dur à écrire, il s’est directement attelé au troisième, qui s’est révélé aussi difficile à écrire que le second, alors le voici – le quatrième livre de Jack Douglas.
Fils d’un voleur international de bijoux et d’une femme pur-sang, M. Douglas fut enlevé à l’âge de onze ans par des gitans myopes, puis revendu à ses parents, qui étaient tout aussi myopes.
M. Douglas vit aujourd’hui dans les quartiers en vogue du nord de New York – au dernier étage d’un immeuble en feu.
Son hobby : jouer de la guitare électrique avec les mains mouillées. »
Musicien itinérant, pionnier du stand-up dès les années 1930, pilote de course, auteur et acteur comique, l’étonnant Jack Douglas (1908-1989) collabora en son temps avec Bob Hope, Jack Paar, Jerry Lewis & Dean Martin, ainsi que le jeune Woody Allen. GrĂ¢ce à ses apparitions télévisées, son deuxième livre, Ne vous fiez jamais à un chauffeur de bus nu (publié par Wombat en 2012), d’un humour très novateur, devint un best-seller aux États-Unis en 1960. Peu après, quittant sa vie de patachon hollywoodien, il s’installa loin de tout avec son épouse Reiko pour élever ses enfants, ses animaux et écrire une dizaine de titres de veine comico-autobiographique, dont le présent Manuel érotico-culinaire judéo-japonais et Comment élever des loups est un fleuron.
“ Jetant un coup d’il par ma fenêtre, en cette glorieuse matinée d’automne, je sus immédiatement que c’était l’automne car tous les enfants de chur de la ville perdaient leurs feuilles. Après m’être enfilé une tasse de café noir, avec un cierge planté dedans (pour vraiment me réveiller), je me suis mis à penser au marquis le plus inoubliable que j’aie jamais rencontré.
*
Par une lumineuse matinée de printemps, le marquis de Sade et moi-même étions assis au bord du Grand Canyon (c’est un trou paumé off-Broadway) à discuter des filles ; le point de vue du marquis était, pour le moins, différent. J’avais toujours pensé aux filles comme à quelque chose qu’il fallait caresser et câliner, mettre dans son lit, et éventuellement épouser, mais le marquis en parlait comme s’il faisait des recherches pour un livre de cuisine avant-gardiste (c’était le cas). Malheureusement, le marquis vivait dans un château où il était interdit de cuisiner dans les chambres, aussi avait-il dû acheter un barbecue portatif et les inviter dans l’arrière-cour du château, où soudain les petites chéries sans méfiance se retrouvaient embrochées par ce bâtard (comme l’une d’elles l’avait raconté de manière si charmante).
Mais le marquis avait une conversation fascinante. Et, sous l’apparente cruauté qui lui servait d’armure protectrice, c’était un homme subtilement diabolique. Dans la bouche du marquis de Sade, la comptine de la petite fille qui avait perdu ses moutons prenait un tout autre sens. Ce n’étaient plus les moutons qui étaient en danger. Et, dans sa version, Alice était poussée à travers le miroir. Il parlait de sa délicieuse épouse, qu’il avait rencontrée au pique-nique d’une association chrétienne caritative, où elle venait juste de remporter une course de relais à elle toute seule. (Elle portait des bottes à talons hauts.) Il l’avait aussitôt aimée parce qu’elle osait afficher sa différence. (Elle était répertoriée dans les Pages jaunes à la rubrique « Coureuses ».) Il me parla de leurs trois adorables enfants, Debbie, Rodney et Verve. Verve était le benjamin et ils l’avaient eu dans un paquet de corn-flakes (un cadeau très inhabituel, mais la compétition dans le secteur des aliments pour petit-déjeuner devient chaque jour plus féroce). Le marquis était très fier de Verve, car, alors qu’il aurait pu aller à Oxford, Cambridge, ou même à Princeton, il avait préféré devenir voleur international de bijoux. Ce qui, du coup, lui donnait quatre ans d’avance sur tous les étudiants d’Oxford, de Cambridge et de Princeton.
Plus j’apprenais à connaître le marquis de Sade, plus je l’appréciais. Ce qui n’était pas évident après l’avoir surpris en train de faire certaines choses – comme arracher les ailes à des louveteaux scouts, aider de vieilles dames à traverser l’East River et donner une pièce empoisonnée à ce pauvre hère qui jouait du violon sur le trottoir devant Carnegie Hall.
Je n’ai pas revu le marquis ces derniers temps. Après avoir électrifié la baignoire de ma mère (avec mère dedans), juste histoire de mettre un peu de jus dans ses films amateurs, nous nous sommes comme qui dirait perdus de vue... ”
« C’était tentant. De ne pas vous tenir au courant, de la jouer discrète, de se garder
les meilleures vannes, de les ressortir l’air dégagé sur Twitter ou de se la péter au prochain
dîner au ville... Parce que qui le connaît ici, ce Jack Douglas ? Écrivain, scénariste,
auteur de sketches pour les plus grands, Jack Mad Dog Douglas fut un des inventeurs du stand-up et ce super marrant
bouquin laisse deviner pourquoi. Baignée d’un subtil et surprenant nonsense, absurde et quasi-desprogienne
parfois, chaque page de ce délicieux livre vous secouera comme un de ces Kentucky Kolonel Kocktail dont il donne
l’explosive et sobre recette (moitié gin, moitié gobelet en carton) et soyez assuré que chaque
chute inattendue, chaque personnage extravagant – (...) comme celui qui fit ériger une statue de pigeon qui
attirait les généraux à des kilomètres à la ronde –, tous impayables, tous inoubliables,
tous vous réjouiront et feront instantanément de vous un fan total. »
(Agnès Léglise, Rock & folk)
« Jean-Christophe Menu a illustré la couverture de Ne vous fiez jamais à un chauffeur de bus
nu, de Jack Douglas (1908-1989), dans la déjà indispensable collection “ Les
Insensés ” de Wombat. Le chapitre 11 du livre étant très court, nous pouvons vous
l’offrir en bonnes feuilles : “ Au diable le chapitre 11 ! N'importe quel satané
bouquin que vous trouvez dans le commerce a un chapitre 11 ! ” Les autres textes ne sont pas aussi brefs,
mais tous d’une loufoquerie implacable. Un éléphant qui parle le yougoslave, un restaurant où
l’on mange des sardines de l’Oklahoma avec leur hachis de bottes en caoutchouc, un plaidoyer pour la drogue
(“ Edgar Allan Poe aurait-il pu écrire Guerre et Paix sans consommer de la drogue ? ”),
un chanteur folk de la Rome antique. Tout ce qu’on voudra, sauf un chauffeur de bus nu. »
(Phil Casoar, Fluide glacial)
« Il vous faut ce bouquin. Je le sais. Parce que quand j’ai vu la couverture du livre déjà je me
suis dit, ça, c’est de la dynamite. D’abord il y a un dinosaure, et le livre parle vraiment de dinosaure (par
contre nulle question d’un chauffeur de bus nu, ce qui est tant mieux, je peux vous le dire, je prends souvent le bus). Ca
parle aussi de l’histoire de la plus longue gueule de bois du monde, d’un camp de colonie de vacances qui s’appelle
NOKOPOKOPOKONOMOPKO et rien que pour les titres de chapitre, ça vaut le coup de s’être levé, genre :
“ J’ai rêvé que j’étais la statue de la liberté dans mon soutien-gorge de jeune
fille ” ou “ Cinq est un mot de quatre lettres ”. Ensuite, c’est la première fois que
c’est traduit en France (première édition en 1960) et donc vous serez tellement précurseur après
l’avoir lu qu’il vous poussera les mêmes lunettes que Woody Allen, ce qui est très hype... »
(Mrs Krobb, blog Le Combat oculaire)
« Pourquoi ne pas commencer l’année par un éclat de rire, voire par plusieurs ? Dès les
premières lignes de Ne vous fiez jamais à un chauffeur de bus nu, son auteur et narrateur explique avoir d’abord
songé à un autre titre : “ Comment devenir millionnaire et parler l’anglais correctement et être
beau, sexy, en pleine forme, cultivé et présenter bien et savoir quels vins commander avec quels plats et composer de la musique
populaire et apprendre la taxidermie durant votre temps libre ” ! Avant de découvrir, hélas, qu’il
existait déjà un ouvrage portant ce titre aguicheur... Totalement loufoque, l’ensemble devrait être remboursé
par la Sécurité sociale*. » (Alexandre Fillon, Livres hebdo)
* Tout à fait d’accord. (Note de l’éditeur.)