Du bébé vagissant à l’adolescent taciturne, Robert Benchley va tenter de percer, au fil de ces quinze textes humoristiques, le mystère de ces étranges créatures : les enfants. Il se propose ainsi de répondre, à sa manière inimitable, à certaines questions essentielles, comme « Comment porter un bébé ? » ou « Quel chien choisir pour votre garçon ? (et inversement) ». Il livrera par ailleurs aux parents anxieux et dépassés quelques conseils frappés au coin du nonsense, dont l’essentiel peut se résumer à ceci : « D’accord, un grand nombre de mères et de pères sont incapables d’élever des enfants au-delà du stade où ils arrêtent de baver, et la plupart des crimes et des problèmes sociaux actuels, selon toute probabilité, sont la faute de parents qui ont acheté des vêtements de taille dix ans à des garçons âgés de quatorze. Mais, même si l’État fonctionnait à la perfection, je ne vois pas où pourrait mener sa tentative d’éduquer les enfants, sinon au chaos. D’ailleurs, je ne vois pas où peut mener toute tentative pour éduquer les enfants, sinon au chaos. »
Chroniqueur humoristique, Robert Benchley (1889-1945) publia ses textes dans les plus prestigieux magazines de son époque, de Vanity Fair au New Yorker. Dès 1928, il fut aussi l’un des premiers comiques du cinéma parlant (avec Le Rapport du trésorier) et reçut un Oscar pour son film intitulé : Comment dormir ? Membre fondateur du « cercle vicieux » de l’hôtel Algonquin avec sa grande amie Dorothy Parker, il fit les quatre cents coups en compagnie de joyeux drilles tels Ernest Hemingway et Errol Flynn.
Maître de l’humour décalé et absurde, admiré par ses pairs, de Stephen Leacock à Woody Allen, Benchley demeure l’un des écrivains américains les plus drôles du xxe siècle.
Du même auteur, Frédéric Brument a déjà composé et traduit les recueils L’Expédition polaire à bicyclette, Psychologie du pingouin, Démence précoce et Pourquoi personne ne me collectionne ? (Le Dilettante & Rivages, réédités en 2010).
Robert Charles Benchley, né sur l’Île de Wight le 15 septembre 1807. Embarque à bord du Florence J. Marble comme garçon de cabine en 1815. Arrêté pour bigamie et meurtre à Port-Saïd en 1817. Libéré en 1920. Écrit Un conte de deux villes. Marié à Anastasia, princesse du Portugal, en 1831. Enfants : prince Rupprecht et plusieurs petites filles. Écrit La Case de l’Oncle Tom en 1850. Éditeur de l’almanach féminin Godey’s Ladies Book, 1851-1856. Commence Les Misérables en 1870, achevés par Victor Hugo. Mort en 1871. Enterré à l’abbaye de Westminster.
“ Et voilà que les cloches de l’école vont sonner à nouveau ! Signe irréfutable que le vent de
l’éducation va bientôt se remettre à souffler, tout ces prospectus des magasins de vêtements et de fournitures
scolaires qui déferlent dans notre boîte aux lettres, listant les « articles requis pour l’écolier et
l’écolière », comme si l’écolier et l’écolière n’étaient pas capables de vous dire
eux-mêmes exactement ce dont ils allaient avoir besoin – et bien plus encore. Un de ces jours, j’aimerais faire venir ici un de ceux qui
rédigent ces listes pour qu’il écoute mon fils et ma fille établir leurs listes. En moins de trois minutes, il
serait tellement dépité qu’il en pleurerait toutes les larmes de son corps. « Un ciré en
caoutchouc », voyez-vous ça ! « Un ciré vert, un ciré marron clair et un ciré vieux
rose » serait autrement plus juste. Juste au cas où il se mettrait à pleuvoir de trois couleurs différentes.
Je peux me souvenir d’une époque (en appuyant très fort sur mes tempes et en retenant ma respiration) où la
rentrée scolaire impliquait simplement l’achat d’une ardoise à laquelle était attachée une éponge
et d’une boîte de crayons de couleur. Personne, à ma connaissance, ne s’est jamais servi d’une ardoise et d’une éponge.
C’était juste une survivance nostalgique d’une époque encore plus ancienne où le monsieur de la papeterie obligeait
tous les enfants en âge d’être scolarisés à les acheter. Les crayons de couleur, c’était pour manger, bien sûr. ”
“ Des gens n’arrêtent pas de nous écrire pour demander : « Quel genre de chien devrais-je donner à mon
garçon ? », parfois même : « Quel genre de garçon devrais-je donner à mon
chien ? » Même si nous sommes toujours un peu surpris par ce genre de requête (nous vous rappelons que cette rubrique
s’intitule « Le Coin des confitures et du jardinage »), nous répondons généralement la même
chose aux deux types de questions : « Êtes-vous bien certain de vouloir faire l’un ou l’autre ? » Cette
réponse a pour effet de les embrouiller, ce qui nous permet de gagner quelques minutes de plus que nous pouvons consacrer à
notre travail normal.
Cependant la question du Garçon et du Chien n’est pas de celles qu’on peut écarter d’un revers de
main. Il ne fait aucun doute que tout garçon normal et bien portant (si une telle chose existe encore en cette époque friande
d’études pédiatriques) devrait avoir un chien à lui à un moment ou un autre de sa vie – de préférence
entre l’âge de quarante-cinq et cinquante ans. Donnez un chien à un garçon plus jeune, et ses parents se trouveront dans
l’obligation de faire leurs bagages et d’aller s’installer sur le port, au Refuge du Marin, jusqu’à ce que le chien s’enfuie
– ce qu’il ne manquera pas de faire dès qu’il verra passer un joli minois.
Mais un chien enseigne à un garçon la
fidélité, la persévérance, et de tourner trois fois sur lui-même avant de se coucher – des valeurs ô combien
importantes en ces temps troublés. En fait, aussitôt que vous prenez chez vous un chien qui, en plus de ces qualités, sait
aussi quel est le bon moment pour acheter et vendre des actions, vous pouvez l’installer directement dans la chambre du garçon ; lui
pourra se contenter de dormir dans la niche. ”
« Vous cherchez de bonnes raisons pour ne pas avoir d’enfants ? Ouvrez ce recueil de Robert Benchley,
l’un des plus célèbres chroniqueurs humoristiques américains : vous ne manquerez plus jamais
d’arguments pour expliquer votre refus d’engendrer une descendance... Parodies de livres éducatifs,
scènes de la vie quotidienne, satire du pédagogisme, paradoxes en tous genres et conservatisme bon teint...
des bijoux d’humour décalé à l’anglo-saxonne. » (Bernard Quiriny, Evene)
« Question : lequel des parents doit se lever le matin pour aller préparer le biberon ?
Réponse : le moins doué pour faire semblant de dormir. C’est ça l’humour anglo-saxon :
cette mise à plat du monde qui, du coup, en devient forcément drolatique, ce léger décalage qui nous
fait voir nos comportements de façon autre, cet amoralisme élégant qui baigne le tout. De cet humour, Robert
Benchley est un des maîtres. » (Hubert Prolongeau, Elle)
« À ceux qui se demandent à quoi servent les enfants et comment vivre avec eux (et survivre), ce
drôlissime mais sensible chroniqueur américain apporte une quinzaine de réponses un peu dingues (quoique),
qui consoleront les parents dépassés, attendriront les autres et feront éclater de rire ceux qui
restent. » (Stéphane Hoffmann, Madame Figaro)
« Des quinze textes qui composent ce recueil, tous dédiés à la difficulté d’avoir
des enfants (du fragile nourrisson à l’ado apathique), on ne peut dire qu’une chose : certains humours
vieillissent peu, sur lesquels Benchley règne en maître » (François Perrin, TGV magazine)
« En y réfléchissant et à l’issue de cet opuscule vif et percutant, on se rangera à
l’avis éclairé de l’auteur : faire des enfants tient du non-sens ! » (Stéphanie
des Horts, Valeurs actuelles)
« Plus efficace que tous les manifestes du mouvement no kids et surtout beaucoup plus drôle. »
(Ludovic Barbiéri, Chronic’art)
« Après avoir lu Benchley et ses quinze chroniques hilarantes, vous disposerez d’une batterie
d’arguments imparables pour justifier votre refus de vous reproduire. Ou vous bâtir un statut de super-héros
pour l’avoir fait quand même. Wombat, qui édite Les enfants pour quoi faire ? dans la si bien
nommé collection “Les Insensés”, nous promet un Pourquoi je déteste Noël. De quoi
merveilleusement finir l’année, et savoir quoi faire avec le (divin) enfant. » (Christine Marcandier, Mediapart).