Ce recueil original rassemble six nouvelles et novellas inédites en français d’Edogawa Ranpo. Publiées sur près de trente ans, entre 1926 et 1955, elles reflètent ses thèmes fétiches de la passion obsessionnelle et d’une fascination aux accents morbides, parcourues d’un frisson d’étrangeté caractéristique de l’œuvre de l’auteur, à l’influence séminale dans la culture japonaise.
Contes noirs parfois fantastiques, dans la lignée d’Henry James et d’Edgar Poe, ou récits policiers à la Conan Doyle marqués par un grand onirisme, ces récits hypnotiques frappent par leur profonde modernité, qu’ils explorent les figures de la poupée (Un amour inhumain) ou du fantôme (L’abri antiaérien), en passant par des images de femmes très fatales (L’apparition d’Osei).
La passion amoureuse en particulier, avec un goût particulièrement japonais, s’y révèle dans tout son absolu, dévoilant les recoins les plus sombres de la nature humaine.
Nom de plume de Tarô Hirai (1894-1965), Edogawa Ranpo est le premier auteur japonais à populariser largement le roman d’énigme et de mystère dans les années 1920-30, à travers son personnage de détective Kogorô Akechi (Ranpo donnera en outre en 1955 son nom au premier prix du roman policier au Japon, toujours décerné).
Mais si ses influences occidentales sont assumées et citées (Edgar Poe, Conan Doyle…), Ranpo donne très vite à son œuvre une tournure tout à fait unique, mêlant macabre, érotisme et grotesque, dans de courts récits d’une noirceur psychologique remarquable comme La Chenille, La Bête aveugle ou Le Lézard noir (adapté au théâtre par Yukio Mishima), devenus des classiques de la littérature japonaise.
Père du mouvement « ero guro nansensu », son univers marquera durablement tous genres de littérature, mais aussi le cinéma (de La Bête aveugle de Yasuzô Masumura à Inju de Barbet Schroeder) ou le manga (Suehiro Maruo).
« Un nouveau recueil de nouvelles inédites d’Edogawa Ranpo, c’est un événement. Les textes choisis – aussi pervers que poétiques – sont des bijoux de cruauté publiés sous le titre Un amour inhumain. » (Agnès Giard, blog « Les 400 culs », Libération.fr)
« Ces six nouvelles inédites en français ressortissent aux genres policier, fantastique et érotique, souvent de plusieurs à la fois, comme un catalogue de perversions si sophistiquées qu’elles sont toujours surprenantes. » (Mathieu Lindon, Libération)
« Il y a des époux adultères et des meurtres parfaits, des suicides provoqués par des ombres, une poupée aux lèvres gorgées de sang, le cadavre d’un homme défiguré découvert par un peintre… Publiées au Japon entre 1926 et 1955, les nouvelles composant Un amour inhumain permettent de mesurer l’évolution esthétique de Ranpo, son style tôt dégrossi, sa dilection pour les effets de miroir et les confusions d’identité. » (Macha Séry, Le Monde des livres)
« L’originalité de l’auteur tient dans sa façon d’explorer des thèmes d’une immense noirceur sans se départir d’un ton débonnaire et facétieux, comme s’il était tiraillé entre sa fascination pour la monstruosité et son goût pour la comédie. Les scénarios ingénieux de ses récits policiers stricto sensu raviront les amateurs (…) mais c’est dans ses histoires plus intimes d’homicides conjugaux que s’illustre le mieux son talent, avec des sujets comme l’amour déçu, l’adultère et les perversions. » (Bernard Quiriny, Le Nouveau Magazine littéraire)
« Ranpo, qui n’hésite pas à se mettre en scène, de manière très borgésienne, dans ses récits, est cet homme qui perd sans cesse son ombre et la recherche à la fenêtre d’en face. Son onirisme précis nous fait évoluer en permanence dans des décors truqués et accroît ce principe d’incertitude qui crée chez le lecteur une sensation de malaise tout à fait délicieuse. » (Jérôme Leroy, Valeurs actuelles)