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couverture C'est la jungle

Harvey Kurtzman

C’est la jungle !

Un chef-d’œuvre de la BD comique américaine du XXsiècle dans sa version définitive


« Kurtzman était un Dieu ! » (Terry Gilliam)


« Tous ceux qui connaissent Harvey Kurtzman et son œuvre savent que c’est un génie. Ceux qui ne le connaissent pas encore n’ont qu’à lire ce livre. » (Georges Wolinski)


En 1958, Harvey Kurtzman, le créateur du magazine MAD, proposa à l’éditeur de livres de poche Ian Ballantine une idée tout à fait novatrice : publier directement au format livre un recueil de quatre histoires graphiques, certaines à forte teneur autobiographiques, et toutes au vitriol, destinées à un lectorat adulte. Il faudra attendre plusieurs décennies avant que ce concept se popularise sous l’appellation « roman graphique ».

En avance sur son temps, C’est la jungle ! (1959) fut à l’époque un relatif échec commercial, mais son originalité et sa réussite artistique eurent un impact extraordinaire sur plusieurs générations d’auteurs de bande dessinée, de Robert Crumb à Art Spiegelman, en passant par Georges Wolinski, qui tous lui rendent hommage dans ces pages.

Classé 26 dans le « Top 100 des meilleurs comics du XXsiècle » établi par The Comics Journal, ce chef-d’œuvre précurseur, décapant et drôlissime de l’histoire de la bande dessinée américaine est présenté ici dans une édition enrichie, mise au point par le spécialiste Denis Kitchen, et une nouvelle traduction, à laquelle s’ajoute pour l’édition française un prologue de Georges Wolinski.


Avec des textes de : Georges Wolinski, Art Spiegelman, Gilbert Shelton, Denis Kitchen, Peter Poplaski & Robert Crumb.


Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Brument

« Les Iconoclastes » nº 6


Parution : 5 octobre 2017

Relié en bichromie – Format 165 x 240

176 pages – 25 euros

ISBN : 978-2-37498-089-8


Sélection officielle du festival d’Angoulême 2018 (catégorie prix du Patrimoine)

Harvey Kurtzman


© DR

Harvey Kurtzman (1924-1993) fut un des créateurs les plus influents de la bande dessinée américaine du XXe siècle et, par son impact général sur la culture populaire aux États-Unis, « une des figures les plus importantes de l’Amérique de l’après-guerre » (New York Times).

Fondateur et rédacteur en chef des débuts du légendaire magazine MAD (1952-56), puis des revues Trump, Humbug et Help ! jusqu’à la fin des années 1960, il fut un scénariste prolifique (non seulement dans la satire, mais aussi d’histoires d’horreur et de guerre), au sein des EC Comics, pour une équipe de grand talent (Will Elder, Wallace Wood…), ainsi qu’un trop rare dessinateur virtuose, comme le prouve C’est la jungle !, son chef-d’œuvre personnel. Il poursuivra ensuite sa carrière dans le Playboy d’Hugh Hefner en scénarisant durant plus d’un quart de siècle la série coquine Little Annie Fanny.

Parmi les auteurs de bande dessinée du monde entier que Kurtzman a influencés, outre l’équipe de MAD, il éditera nombre de pionniers de l’underground américain (Robert Crumb, Gilbert Shelton…) et marquera aussi de son empreinte la BD française, de René Goscinny (qu’il connut à New York dès les années 1940) à Georges Wolinski, sans oublier les fondateurs d’Hara-Kiri et de Fluide glacial.





Les livres de Harvey Kurtzman aux Nouvelles Éditions Wombat

C’est la jungle !

Extrait du Prologue de Georges Wolinski

Extrait de Décadence dégénérée

La presse sur C’est la jungle !

« Attention, chef-d’œuvre ! Dans l’histoire mondiale de la BD, il y a un avant et un après Harvey Kurtzman (1924-1993). Il est l’homme par qui le 9e art fait vraiment son entrée dans le monde adulte, celui qui explose les frontières de ce qui se fait et ne se fait pas dans les cases. Au nom de l’humour, rien n’arrête cet Américain, fondateur du magazine MAD, dont René Goscinny et Gotlib seront par exemple les héritiers directs en France. C'est la jungle ! est peut-être son œuvre la plus personnelle, la plus farfelue, et une des rares dont il soit le dessinateur, car il a souvent mis son talent de narrateur au service d’autres illustrateurs. À travers quatre histoires courtes croquées avec un trait vif et enlevé, il construit une critique acerbe de la culture américaine. Western, polar, vie de bureau, racisme “ordinaire”, Harvey Kurtzman prouve avant tout le monde qu’aucun sujet n'est tabou en bande dessinée, et qu’il est possible de les aborder dans un format “roman graphique”. C’est précurseur, révolutionnaire et cela n’a pas pris une ride ! » (Romain Lancelot, Canal BD magazine)


« Livre culte : C’est la jungle ! d’Harvey Kurtzman, cofondateur de MAD, adoré par Goscinny, Wolinski, Gotlib, Shelton, Crumb et Spiegelman. Ce livre précurseur date de 1959 et a gardé toute sa fraîcheur. » (Willem, Charlie hebdo)


« Cité comme une influence par de nombreux auteurs, de Crumb à Art Spiegelman ou Goscinny dont il était l’ami, Harvey Kurtzman a laissé une œuvre morcelée et difficilement trouvable. D’où l’intérêt de voir aujourd’hui réédité C’est la jungle !, pierre angulaire de sa carrière en dents de scie. (…) Précurseur du roman graphique, cette publication contraste avec celles de l’époque, les quatre histoires le composant étant d’abord destinées à un public adulte. Tout le génie de Kurtzman, déjà à l’œuvre dans MAD, transparaît ici de façon concentrée. Son trait réaliste, vif et parfois proche de la caricature, est particulièrement inventif. » (Anne-Claire Norot, Les Inrockuptibles)


« Cette œuvre novatrice pour l’époque est l’une des rares occasions d’admirer son dessin, lui qui écrivit et griffonna tant pour ses potes artistes. Un trait souple qui sait garder la puissante vitalité d’un croquis, accompagné de lavis gris : magnifique ! On admirera aussi son art du rythme, de la séquence ou des restitutions sonores qui deviennent des actrices graphiques du récit. Ça swingue et ça dérange : bienvenue dans le monde d’Harvey Kurtzman. » (Cecil McKinley, Zoo)


« Causer de Kurtzman dans Fluide, c’est se pencher sur l’ADN du journal : le créateur new-yorkais de MAD a été pour Gotlib un de ses maîtres en humour, hilarité, dérision, etc. Suffit de mettre le nez dans C’est la jungle ! pour voir ce que Marcel doit à Harvey. Visez un peu la gestuelle hystérique des cols-blancs écroulés de rire quand Goodman Beaver, jeune cadre frais émoulu de leur boîte, leur annonce qu'il veut “faire des trucs gentils” ! (…) Le dessin, sous son apparente spontanéité, est archi-maîtrisé. Un “lâché” qui cache un boulot dingue : “Le dessin à lui seul justifierait la réédition de ce livre, note Art Spiegelman. On ne trouve nulle part ailleurs un tel corpus dessiné de la main de Kurtzman. Bien trop souvent, ses dessins servaient uniquement de guide à ses collaborateurs.” La mise en pages, le rythme, un régal. Faut être très attentif aux petits gags qui parsèment les cases : dans Thelonius Violence, un gus tient le détective et sa ravissante cliente sous la menace d'un flingue ; dehors, un néon clignote, éclairant la piaule par intermittence ; chaque fois que la lumière revient, le privé a de nouvelles traces de rouge à lèvres sur la tronche ; sauf dans la dernière case, où la fille s’est gourée de mec dans l’obscurité… » (Phil Casoar, Fluide glacial)


« Dans ce Jungle book, réponse parodique au livre de Kipling, que Disney n’avait pas encore transformé en sirop réactionnaire, la jungle, c’est l’Amérique, c’est New York (ou les villes de l’Amérique profonde ici rebaptisées Rottenville – “ville pourrie”), ses ruelles et sa crasse, sa misère et son esclavage, son racisme et sa violence, ses entreprises inhumaines et ses crapules patronales. Jamais ils n’ont été montrés aussi crûment, ni giflés plus violemment. Pourtant, Kurtzman reste un humoriste et ses histoires sont hilarantes, d’un rire plus noir que la bile d’un curé. On grince et on ravale son rire dans une déglutition étranglée.

Virtuose du crayon comme jamais, il touche à la perfection du geste, de l’expression, de la mine, du mot aussi car c’est un dialoguiste hors-pair. Gros travailleur, il cherche souvent la posture précise, l’expression sûre, le geste exact, au millimètre près, travaillant autant avec la gouache qui efface qu’avec le pinceau qui esquisse. Le livre est en noir et blanc, mais le gris y domine, qu’il maîtrise comme s’il l’avait inventé. Difficile de le lire sans être époustouflé par son efficacité, par l’évidence de sa narration, de chaque case, sans qu’aucun détail superflu n’encombre ni qu’un autre essentiel ne manque. Kurtzman, c’est d’abord une leçon de BD comme il n’en existe nulle autre.

Le magnifique ouvrage qui sort aujourd’hui avec des intros et postfaces de Crumb, Shelton, Wolinski, Spiegelman, Poplaski, Kitchen, est traduit par Frédéric Brument. Voilà le Jungle book réhabilité, et sa splendeur éblouissante aux yeux de tous. » (Yves Frémion, « Les petits mickeys », blog Le Monde.fr)