Le Professeur Choron fait hara-kiri à la philosophie !
Outrancier, virulent, paillard et hilarant, le Professeur Choron ouvre sa gueule pour nous donner une bonne leçon de liberté. Tel un Diogène des temps modernes, le grand manitou d’Hara-Kiri philosophe avec une brillante lucidité sur le tabac, l’alcool, la guerre, la religion, la vie, la mort – bref, toute l’absurde connerie de cette blague féroce qu’est l’existence ! Indomptable provocateur, pourfendeur du sentimentalisme, ce clown du pire ouvre des béances de nonsense dans notre logique, qui ne laissent comme échappatoire qu’un grand rire, ponctué de joyeuses chansons à boire et conclu par « 86 proverbes philosophiques » du Prof. Pseudo-moralistes et autres pisse-vinaigre adeptes du premier degré, passez votre chemin !
Jeune engagé lors de la guerre d’Indochine, Georget (dit Georges) Bernier (1929-2005), de retour à Paris, crée en 1960 avec Cavanna et Fred la désormais légendaire revue Hara-Kiri (1960-1985), puis le groupe des éditions du Square qui verra naître Charlie hebdo (1970).
Issu des pages d’Hara-Kiri en 1962, son personnage de Professeur Choron, bricolo et pince-sans-rire à l’humour noir absurde, fait scandale à la télévision dès l’année suivante (dans « Les Raisins verts » de Jean-Christophe Averty) en incitant les spectateurs à briser leur poste ou à passer des bébés à la moulinette.
Créateur des Jeux de con du Professeur Choron et des inénarrables Fiches bricolage, ce chansonnier à ses heures se produit aussi à Olympia en 1981. Épaulé par toute l’équipe d’Hara-Kiri, il incarna mieux que quiconque, quarante ans durant, cet esprit « bête et méchant » qui révolutionna l’humour français, de Coluche à Groland.
« Si l’on se souvient uniquement du pornographe goguenard, on sera surpris par la qualité littéraire des imprécations. Les formules claquent, jolies parfois : “Il est absurde d’offrir un whisky à une girafe sans ajouter dans le verre une très longue paille.” Il y a bien chez Choron un comique de l’outrance, quand par exemple il défend la guillotine – parce que son exécution prochaine accroît l’extase du fumeur –, les rapts d’enfants ou encore la torture dont l’abolition nous priverait du même coup d’un excellent sujet de conversation, lesquels ne sont pas si nombreux. Cette dernière remarque explique pourquoi la lecture de ce livre est si allègre : tout y est permis, sauf l’ennui. » (Éric Chevillard, Le Monde des livres)
« Balayant le politiquement correct, les bien-pensants, les buveurs d’eau et les pisse-vinaigre d’un revers de main, le professeur Choron était le roi du second degré paillard – et plus si affinités. La preuve en est ultimement donnée dans quelques proverbes, tel celui-ci : “Donnez-moi de l’argent pour boire, je trouverai le bistrot.” À méditer. » (Christine Ferniot, Télérama)
« Le Prof parle d’amour, du tabac, d’amour du tabac, du communisme, de l’immigration, du chômage et de n’importe quel autre sujet puisqu’il a réponse à tout. Son opinion est tranchée, définitive et surprendra le libre penseur. Dans sa moulinette à déconne, il dézingue tout avec une joie criminelle et contagieuse. Mon Dieu ! Il ne respecte rien !… C’est sûr, “anticonformiste” est un mot inventé pour lui. » (Jean-François Caritte, Psikopat)
« Que dire de plus que ce titre tout en finesse ? » (Siné mensuel)