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couverture de L’Homme qui en savait trop peu

James Thurber

L’Homme qui en savait trop peu

& autres histoires criminelles

DES CRIMINELS A MOURIR DE RIRE !


Treize nouvelles policières inédites

signées par l’un des maîtres de l’humour anglo-saxon


L’Homme qui en savait trop peu rassemble treize « histoires criminelles » de James Thurber inédites en français, écrites entre 1929 et 1962. De la parodie de film d’espionnage (La dame du 142) au pastiche de James Cain, l’un des fondateurs du polar « hard-boiled » (L’enfer ne se déchaîne qu’une fois), en passant par des meurtres férocement domestiques (M. Preble se débarrasse de sa femme) et professionnels (Tutoyer les sommets), ou une troublante relecture de Shakespeare sur le mode Cluedo (L’affaire Macbeth), s’expriment dans ces textes tout l’humour délicieux et la fine psychologie de l’auteur.

Car Thurber, s’il s’amuse des codes du roman policier, est aussi, dans l’Amérique moderne des années 1920-30, le créateur de la figure du « little man » : ce citadin en chapeau et costume gris, comptable ou archiviste, certes timide, névrosé et rêveur, n’en ourdit pas moins, comme tout un chacun, de sombres projets criminels… parfois contrariés par sa « tendre moitié », souvent par sa propre maladresse, mais toujours à mourir de rire.


« Le crime selon Thurber… Je ne connais rien de pareil au monde. »

(Donald Westlake)


Préface de Donald Westlake

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jeanne Guyon

Couverture & 15 illustrations de l’auteur

Collection « Les Insensés » n° 38


Parution : 22 août 2019

192 pages – 18 euros

ISBN : 978-2-37498-154-3


James Thurber


© Denyse B. Smith

Écrivain et dessinateur, pilier de la rédaction du New Yorker durant plus de trente ans, James Thurber (1894-1961) fut un des grands talents comiques de l’âge d’or du magazine, aux côtés de Robert Benchley, S. J. Perelman et Wolcott Gibbs.

Si les textes d’humour de Thurber sont devenus des classiques constamment réédités dans les pays anglo-saxons, son style graphique sensible et naïf, très précurseur, eut aussi une influence considérable sur le dessin minimaliste de son temps, des Peanuts aux Shadoks.

James Thurber est l’auteur de La Vie secrète de Walter Mitty (adapté plusieurs fois au cinéma, de Norman McLeod en 1947 à Ben Stiller en 2014), d’une autobiographie drolatique, Ma chienne de vie, de La Dernière Fleur, conte graphique écologiste et pacifiste traduit en France par Albert Camus (rééd. Wombat 2018), ainsi que de L’Homme qui en savait trop peu (recueil inédit de parodies policières).


James Thurber par lui-même

« James Thurber est né le 8 décembre 1894 à Columbus dans l’Ohio, où tant de choses épouvantables lui sont arrivées. Il s’est révélé incapable de garder quoi que ce soit dans son estomac jusqu’à l’âge de sept ans, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre une taille d’1,84 mètre (et demi) et un poids de 76 kilos (vêtements d’hiver compris). Il a commencé à écrire à dix ans (Horse Sandusky, le scout intrépide) et à dessiner à quatorze ans. Il n’a jamais travaillé comme cow-boy, garçon de ferme, docker, cuisinier dans une gargote, ou bûcheron, et n’a jamais boxé chez les amateurs. D’un tempérament sanguin, il met difficilement de l’eau dans son vin et, le plus souvent, les gens finissent tout simplement par s’en aller. Grand amateur de tir à la carabine, mais incapable de se concentrer, il a l’habitude de tirer en l’air au moment où il tend l’arme à son voisin. Sa candidature vient d’être rejetée par le Skeet Shooting Club du comté de Fairfield (Connecticut). Il a néanmoins gagné un canari en lançant des balles de base-ball contre des poupées de chiffons à Buckeye Lake, Ohio, en 1923…

Si quelqu’un parle, il n’écoute jamais, préférant garder son esprit vierge de toute pensée afin de pouvoir ouvrir la bouche quand les autres ont fini. Son livre préféré est Gatsby le Magnifique et son auteur de chevet Henry James. Il porte très mal des vêtements d’excellente qualité et ne retrouve jamais son chapeau. On lui a dérobé deux pardessus qu’il avait laissés dans les locaux du New Yorker, à moins qu’il ne les ait laissés ailleurs. Il est Sagittaire avec la lune en Bélier et s’entend à merveille avec tous les gens qui sont nés entre le 20 et le 24 août. »


Les livres de James Thurber aux Nouvelles Éditions Wombat

La Dernière Fleur (plus d’infos)

Ma chienne de vie (plus d’infos)

L’Homme qui en savait trop peu

Extrait de « L’Homme qui en savait trop peu »

« L’homme à l’imperméable, aux traits tirés et à l’air anxieux s’approcha de notre table au Café de Flore. Je l’avais déjà remarqué à plusieurs reprises, comme un habitué en remarque un autre. Il était tard et nous étions là depuis un bon moment.
– Puis-je m’asseoir ? demanda-t-il.
– Mais certainement, répondis-je en me levant.
Il prit place à notre table, je le regardai et ma femme me regarda.
– C’est ma femme, dis-je enfin.
Il inclina la tête. Je lui proposai de boire quelque chose et il opta pour un café. Je commandai un café pour lui et deux autres petites bouteilles de champagne, ces quarts si populaires dans les cafés parisiens en ce moment, pour Marion et moi.
– Je veux vous soumettre un problème, dit l’homme une fois que son café fut servi. C’est vous que j’ai choisi pour cela car je n’ai pas d’amis à Paris. Je vous ai vu plusieurs fois et j’ai supposé que vous n’étiez pas du genre à appartenir à une société secrète.
– Et pourquoi ce ne serait pas le cas ? demanda ma femme.
L’homme répondit sans sourire.
– Votre mari, madame, a peut-être l’air égaré, mais il n’est pas sur le qui-vive. J’en suis venu à la conclusion que ses problèmes les plus significatifs ont pour origine sa tendance à l’amplification de l’insignifiant et même parfois de l’inexistant.
Ma femme opina comme si elle suivait parfaitement.
– C’est exact, dit-elle.
Je rectifiai la position de ma cravate.
– Je suis membre d’une confrérie d’étudiants, dis-je.
– Je parlais d’une organisation politique, répliqua notre invité. Le genre d’organisation à laquelle j’appartiens.
– De quelle organisation s’agit-il ? questionna ma femme.
– Je ne sais pas, répondit l’homme. C’est précisément ce dont je voulais vous entretenir. J’ai besoin d’un regard neuf, d’un point de vue extérieur.
– Prenez donc un cognac, proposai-je.
L’homme acquiesça ; je commandai un cognac et deux autres « VP » (c’est ainsi qu’on appelle ces petites bouteilles de champagne).
– Commencez par ce qui vous semble être le commencement.
L’homme examina sa tasse à café et la fit tourner dans sa soucoupe.
– Il y a quelques mois, commença-t-il, il y a quelques mois, je suis devenu membre d’une organisation secrète. C’est ainsi que ça se passe à Paris, j’imagine. Un homme m’a abordé dans un café, comme moi je vous ai abordé.
– Mon mari ne veut pas faire partie d’une société secrète, affirma ma femme. Il est trop occupé. Et trop nerveux… »


Extrait : « Ceci vous rafraîchira peut-être la mémoire ! »

Extrait de la préface de Donald Westlake

« La comédie légère est le type de comédie le plus difficile à réussir. Un bonhomme qui glisse sur une peau de banane, qui se prend une tarte à la crème en pleine poire ou dont la cravate prend feu – c’est la poilade garantie. Rire devant un personnage de dessin animé qui a déjà fait trois pas dans le vide avant de se rendre compte qu’il a dépassé la bordure du sol, et n’a plus que le temps de nous lancer un regard incrédule avant le grand plongeon, c’est aussi facile que tomber d’une falaise. Mais la comédie légère, la comédie dans laquelle le désastre est soit subtilement suggéré, soit inexistant, voilà qui est très dur. Qu’a donc de drôle un type qui ne renverse pas sa soupe sur ses genoux ?

Dans les premières décennies du New Yorker, avant que le magazine, devenu mature, ne s’installe dans son rôle de témoin alarmé des événements, ses pages laissaient la part belle à l’humour verbal (heureusement, l’humour visuel y a perduré) ; parmi ses praticiens les plus tranchants, menés par S. J. Perelman (qui ne pouvait passer devant une fenêtre sans vouloir aussitôt y balancer une pierre), deux auteurs en particulier nous arrachaient chaque fois des rires, sans avoir ensuite à étancher le sang d’une quelconque victime. Il s’agit de Robert Benchley et de James Thurber, qui m’ont tous deux appris, à l’âge impressionnable où je les ai découverts, qu’il était possible, en matière de comédie, d’arriver à ses fins en ne blessant personne… »